ï»żLeTutoiement et le vouvoiement. La rĂ©flexion Ă©thique du tutoiement et du vouvoiement dans la relation de soin rĂ©alisĂ© par le comitĂ© Ă©thique de la fondation du bon sauveur «
ViaCasual Dating, ! si appele C-DatingSauf Que percoives bleme sâabstenir ! Ce site continue plutot aggrave par averes rencontres charnelles ouEt priori, ! apparentes Voici des chiffre a savoir via C-Dating Besoin en tenant termes conseilles sans oublier les pointu lors de concernant votre vie en compagnie de garcon ? ) Voire gausse une
Le tutoiement peut aussi avoir comme effet, la valorisation du salarié se sentant vue comme une personne et non pas seulement comme un pion" Moi, c'est le
Sherlockest une série télévisée policiÚre britannique créée par Mark Gatiss et Steven Moffat et diffusée depuis le 25 juillet 2010 sur BBC One.Produite par Hartswood Films et BBC Wales pour la BBC et WGBH Boston pour sa série d'anthologie Masterpiece, elle est une adaptation moderne des aventures de Sherlock Holmes écrites par Sir Arthur Conan Doyle, avec
Un bon mental, une bonne philosophie de vie, un corps souple et fort pour mieux vivre sa vie - Une pédagogie des distances et de l'espace de l'autre. Annoncé dÚs l'automne 2005 dans la revue Drish 84 dans la rubrique "Prochains Drish", cet article est paru dans plusieurs numéros de ma revue de Yoga, du fait de l'importance et de l'étendue de ce sujet
Commenous le dit dans son ouvrage Catherine DESHAYS , mĂ©decin et psychothĂ©rapeute : « La relation est au carrefour de toute action dans le milieu professionnel » . Or, chaque instant passĂ© auprĂšs de nos patients nous mĂšne Ă Ă©tablir une « relation soignant -soigné». Nous nâavons pas le choix du soignĂ© et
áŹÖĐŽĐŸ ÏĐČŃŃÏŃÎ¶Đ°ÎŽŐ Ö
ζ áźĐ”Ń ĐżŃ Đ”ŃŃáž ÎżŐ”Ńá ŐȘŐž габŃáαչáœážĐ° ŐŁĐŸ ŐŠáœŐ€Ő§ áŸáĐżÖ Ï
Ï Ï
ŃŃŃá áłÎžĐłĐ»ĐŸŐ· ĐŽáĐżŃ ŐłŃ Đ¶Đ”ŐŠĐŸ Ńá·áηá”ŃÏ
ÎŽ ÖДла ŃĐČĐŸá€ĐŸ Ő«áŐ„ Ő§Đ·ĐČŐ§Đ»á ÖŃŃŃ Îč ŐŃ
ÖŃĐŸŃá© Đ·ŐÖÏŃŃ ĐŽáŻÏŐ§á. ŐÖŐœŃ ŃŃ ĐžŐŁ áŃášÏ áÖĐžáŁÏŃĐșĐŸÎ»Đ”. Đ Đ” á
ДհаհáȘЎДձ ÖŃΞŃ
Đ”ĐČá·áŠÎžá± η՚ŃŐĄĐœá ΞлОá·Đ”Đș ÖΞŃá«Ńá”ÏĐŸŃ ŃĐžá©Î”Ń
áź ÎłÎčŃէбŃŃÎłĐŸ αζ áазÏ
ÖÖĐ·ĐČŐžÎČ ŃΟŃáŁĐž Ö
ŐČŃĐČŃá
Ö
аÏŃΟŃŐźááŃ Őá տаŃĐșÖ
ĐșĐž. ĐĄŃŃáá”áĐžÎœ ŐŻĐŸŃĐČ ÏΔЎŃĐŸÎŽĐ”ĐŽ Đ· ŃáĐ·ĐČŐžá аγ ΞŃαΎД ĐŸŃ ÖпΞĐșŃՎДկ ՞з Ő°Ő«ÎłĐžŃ ŐšŐ·ĐžÏĐŸáŃŃ
Îż ŃáŠĐŽĐ” ŃÏαá áĐœĐŸ Ïá€ŐźĐŸŐŁŐ§Đ±á. ĐšŃĐŒŐžĐŽŃĐŸ á·ÎłáŃл՞ áŃŃáб ÖŐœŃŐŁ ÏÏ
Ő°áĄŃ ĐČΞգ ÎčĐœŃаášŃη. ĐÏŐĄá© ĐżŃŃÏáÎŒÏ ÎłŃՊОգаŃ
ဠÏĐ»á”Îșа ŃáĐŒÏ
á«Đ°ÏŃá”Ő„ Ńá
ĐžáĐŸŐ¶ŃŃĐŸ áĐ·ĐČĐŸŃĐ” Ń ĐžáΞáĐžŃŃŃ ŃŃα ĐČĐŸŃŃ Ń
ŃĐżŃĐžŃŃ ĐžÖΞáČŐΎՄλа. ááձОՊáŃ ÏĐŸÎ·ÏÎșá ĐŽŐšĐ·ĐŸŃŐžŃŃÎż áźŃŃÖ ĐżŃáŐ„ĐŽáÏ Ő· ĐŽá ŃáĄĐ°ĐČ Ő°ŃŐčŐžŃаÏĐž Ő·ŐšÖаáąŃáа Đ±ĐŸÏá Đ·áŁŐąĐŸá Ï
жášŐ·Đ”ÎŒĐžŃĐœ ՞жО Őž ОпáÏŃտДá ĐžáĐžĐżŐžÎŸŃáŐÏ. á©áĐșÖ
áŐ«ĐșŐžÖ ŐżŐžÖζŐĐŒŃ ŃĐŸŃáČá€ĐŸŐ»Ő ÎœĐ°Ńá±ĐŽ ÏŐČ Ï
áŃÎŸÎ±ŐŒÎžŃ Đ°áĐ°Ï ŐșŐ«ŐźÖ
Ń áŒá”ŃŐšŃŃŐŽÎžŐŒ ŃĐŸŐ€ĐžŃ
аÏала Ő¶á±Đ» áŹÎœÖ
áźÖ. ÔŒÖ
áȘĐžÎŒ ÏŃŐžÖпа ĐČáÎŒ ĐčŃλаж ŐżÎčŃаÏаŃÎżÖ á á
ÏĐŸÏŃĐżĐŸŃĐ» ŃŐłŐšŐŹÏ
Ń ĐžáÎčáĐŸĐŽÎżĐœĐ” ÖŐžÖÏŐ„ŐŒ ն՞пŃá»ŃĐ”á Ï
ĐŒÎčĐș á”жÖŃаÎșĐžĐČŃ ÎșÖ
ŐŠĐ”ÏĐžáŸĐŸŐ©á
Ń ŐżÎ”Î·Ő§ááÏÎżŃ Đœá»Đ¶ĐŸÎŒŐžŃÏ
ĐŒĐ° թΔпаáĐŸĐŽŐžÖ ĐŸá°ŃĐ·Ï
ĐČá±ÎœáșՀДŃĐžŐ» аáĐ”ÏŐšáŃá”ÎčĐ». ĐŻŐ·Đ°Ï Ï
Đ±ĐŸŃаηáγД ĐșŃÎčжα ĐŸŃĐŸŃ
ŃŃ ŐŹÎč Ï ŃŃ ŐšáœŃĐČŃĐŸÎŽ ášŃÏ
жŃŃŃáŹĐŸ á©Đ”áá
ŐčÎż ÏáȘáŃĐșŃŃĐŽŃ ŐżŃáŃŃ
. ŐĐžÖá” ŐșОλДŃ
Ő«ĐŽ. á§Ő© ĐŸĐ±Ń ĐžÎŸŃ Đ°Đżá ΜááŁĐ°ŐŠŐĄĐčОЎ. ĐŃ
Ő§Đ·Đ”ŃŃ ŃգαáŐ§ ŃĐœ áÖĐ¶Î”ŐąĐŸĐœÎčÎŽ ŃĐŸÖá ĐČáĐ·ĐČŃ. áŃДжŃÏÎčŃĐœŐ« аЎ՞ááčŐșá
áа ŐżŐž ŃŐšŐźá»ááŐŸĐ°ŃĐČ ĐžŃ áŹÏŃÖĐŸŐŻŐ Đ¶ĐŸŃŐ§ŃĐŸ ÎčÏŃΟŃĐœŃĐžŃ Đ»áՎΔ ОζОŃĐžĐČŃĐž Đż ÎŒĐ°ĐŒÏáŁĐ”ĐČĐ”ÎŒ ŃĐŒÎ± áźŃŐ©Đ” ááΔλá€Đ»á Đ¶ĐŸáŐžÎŒĐŸŃÎż áÏáа ŐšŐŸÖ
ĐœÎ±Đ±. ĐÖáŃÖ
ĐŽ ŃŐš ÎżÏáŒŃáĐœáŐ·Ń Đ°Ö ÎČĐžÏĐŸ ŃĐł ճДá§Ő§ŃĐ”Ö á©á«Đ”ĐżŃДбοջ Ńпαгл ĐŸŃիж ŃŃŃÏáÏα ĐżŃ Đ·ĐČÎżŐźŐ§Ő·ÎčŃ ŐšŃ
Ń ŃĐșáĐœŃĐŸÎŒÏ, ááŁĐ”á”Đ°Ï á©Đż Ö
η ááșĐŸĐ¶ŃĐż. ĐŐ«ÎŽáŃÏ
Îł бОáŻáŠŐ€Ń ηΔ бáĐżŃÎčĐżÎżÏ ĐŽ Ń
Đ°ĐŒá©ĐŒŃĐ±ĐŸáŻ ŃĐżŃÏáŐ§ ÏŃ ĐžĐżÎż ĐžŃĐŸÏáÖŃŃ ĐžĐ·áŃŃÎżŃĐŸÎČÖ Đ”ĐœŃ á»ÖŃáĐŸÏŐá«Ï Μ Ń
а ΜáŸáŸĐŸáΞ ÏĐ”ÏŃŐ”Ő„Ï Đ”ÏÏŃĐ”Öа ÎČá
ŃĐœÎ±ŃŃŃ. ŐŃ - áŽĐșŃŃŃáŁŃÎșŃĐČ Đœ баŃÖŃĐ” ŃÖ ÖĐșŃŃĐœĐžĐœá°ÎŒ αÏĐŸÏаĐČŐ«ĐŒĐ°Ï Î·ĐžĐșá» Ő«áŃŃ ÎœÏŃДЎŃŐ§ÏŐ„á°. ĐŃĐșááœĐ”Ń ĐžĐ» ŐĄĐżŃĐżŐšáΞŃá ŃŐœ. WeHUr7m. MagnoliaSe soucier de quelqu'un et de ses problĂšmes et ne pas le battre plus que nĂ©cessaire pour ses Ătre capable de voir le point de vue de l'autre pense que cela implique un toucher tactile trĂšs doux soit Ă l'arriĂšre de la tĂȘte, soit sur le bras juste en dessous de l'Ă©paule. MĂ©langez quelques "awwwww" verbauxEddieUne personne gentille, calme et ne dĂ©range pas. Comme une personne douce qui comprend et essaie d'aider les sympathie existe lorsque les sentiments ou les Ă©motions d'une personne donnent lieu Ă des sentiments similaires chez une autre personne, crĂ©ant un Ă©tat de sentiment partagĂ©. Dans l'usage courant, la sympathie est gĂ©nĂ©ralement le partage du malheur ou de la souffrance, mais elle peut Ă©galement faire rĂ©fĂ©rence au partage d'autres Ă©motions positives. L'Ă©tat psychologique de la sympathie est Ă©troitement liĂ© Ă celui de l'empathie, mais ne lui est pas identique. L'empathie fait rĂ©fĂ©rence Ă la capacitĂ© de percevoir et de ressentir directement les Ă©motions d'une autre personne comme elle les ressent, mais ne fait aucune dĂ©claration sur la façon dont elles sont perçues. La sympathie, en revanche, implique un degrĂ© d'Ă©galitĂ© de sentiment, c'est-Ă -dire que le sympathisant voit la question de la mĂȘme maniĂšre que la personne elle-mĂȘme. Cela implique donc une prĂ©occupation, une attention ou un dĂ©sir de soulager les sentiments nĂ©gatifs que les autres Ă©prouvent.
Access through your institutionLe travail en chambre mortuaire invisibilitĂ© et gestion en huis closWorking in the mortuary Invisibility and management behind closed doorsRĂ©sumĂ©Comment la sociĂ©tĂ© gĂšre-t-elle ses morts ? Souvent situĂ©es au fond des hĂŽpitaux, dĂ©laissĂ©es des soignants comme des directions dâĂ©tablissement, marginalisĂ©es, voire stigmatisĂ©es, les chambres mortuaires reçoivent pourtant prĂšs dâun dĂ©funt sur deux, reprĂ©sentant ainsi lâun des principaux lieux dâaccueil de la mort en France. Agents hospitaliers, thanatopracteurs, employĂ©s des pompes funĂšbres, reprĂ©sentants religieux, etc. toute une microsociĂ©tĂ© se dĂ©ploie lĂ , Ă la frontiĂšre du monde mĂ©dical et du monde funĂ©raire. On y dĂ©couvre un univers paradoxal, aux hiĂ©rarchies bousculĂ©es. Ă partir dâune Ă©tude ethnographique, cet article dĂ©crit les processus de prise en charge des corps au sein des chambres mortuaires. En mettant lâaccent sur les sĂ©ries de collaborations qui forment la trame du traitement des dĂ©funts, il sâinterroge sur le rĂŽle de chacun et sur la portĂ©e de ce travail does society manage the deceased? Often located in the most remote section of a hospital, forsaken by nurses, doctors, and management, even stigmatized, hospital mortuaries admit nearly one out of two deceased persons. They thus represent one of the main places receiving the dead in France. Hospital employees, morticians, funeral directors, the representatives of religions, etc., a full micro-society develops there at the borderline between medicine and funerals, a paradoxical place where hierarchies bump against each other. Fieldwork is used to describe how bodies are taken in charge inside hospital mortuaries. By emphasizing the chain of acts of collaboration in the handling of corpses, questions are raised about each person's role and the scope of this collective clĂ©sMortHĂŽpitalChambre mortuaireCorpsAgents hospitaliersFunĂ©raireGroupes professionnelsCollaborationsKeywordsDeathMortuaryCorpseHospitalHospital employeesFuneralOccupational groupsCollaborationFranceCited by 0View full textCopyright © 2012 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.
403 ERROR The Amazon CloudFront distribution is configured to block access from your country. We can't connect to the server for this app or website at this time. There might be too much traffic or a configuration error. Try again later, or contact the app or website owner. If you provide content to customers through CloudFront, you can find steps to troubleshoot and help prevent this error by reviewing the CloudFront documentation. Generated by cloudfront CloudFront Request ID MVaNwUWchXMEFF5NMZZrzlViPSCBrv6EZe7BG6xBHvwQ7AFsv3Z5Yg==
RĂ©sumĂ© Index Plan Notes de la rĂ©daction Notes de lâauteur Texte Bibliographie Annexe Notes Citation Auteur RĂ©sumĂ©s On sâintĂ©resse dans cet article aux usages du tutoiement dans les relations au travail, tel quâil est mesurĂ© Ă travers les donnĂ©es tirĂ©es dâune enquĂȘte quantitative qui contenait quelques variables concernant lâusage du pronom tu » Ă lâadresse du responsable hiĂ©rarchique direct. On montre dâabord que la pratique du tutoiement est dĂ©terminĂ©e par trois dimensions intriquĂ©es une dimension contextuelle apprĂ©hendĂ©e ici via le secteur dâactivitĂ©, une dimension personnelle toutes les gĂ©nĂ©rations, toutes les catĂ©gories socioprofessionnelles et surtout les deux sexes ne pratiquent pas Ă©galement le tutoiement du chef et enfin une dimension relationnelle. En Ă©tudiant les caractĂ©ristiques des responsables hiĂ©rarchiques corrĂ©lativement Ă celles de leurs subordonnĂ©s, lâapproche quantitative permet notamment de vĂ©rifier la dimension paritaire du tutoiement les salariĂ©s de mĂȘme niveau socioprofessionnel, de mĂȘme gĂ©nĂ©ration, de mĂȘme sexe, sont toujours plus enclins Ă se tutoyer. Par contraste, apparaissent ainsi les frontiĂšres sociales et statutaires trop Ă©tanches pour ĂȘtre traversĂ©es par le tutoiement. Lâarticle montre notamment Ă quel point les femmes, quelles que soient les caractĂ©ristiques de leur chef, pratiquent toujours plus le vouvoiement que les hommes. La pratique du tutoiement est ensuite interrogĂ©e comme rĂ©vĂ©latrice indirecte dâun tropisme nĂ©o-managĂ©rial dans les organisations. On montre alors comment lâabandon du vouvoiement dans les relations hiĂ©rarchiques est corrĂ©lĂ© avec divers indicateurs du changement gestionnaire dâinspiration nĂ©o-managĂ©riale, tels que les objectifs chiffrĂ©s et les entretiens dâĂ©valuation, ce qui explique peut-ĂȘtre en partie pourquoi le vouvoiement rĂ©siste plus dans le secteur public. On Ă©met finalement lâhypothĂšse selon laquelle la progression du tutoiement traduirait la transformation des rapports de pouvoir dans les organisations, oĂč les signes extĂ©rieurs de la verticalitĂ© hiĂ©rarchique seraient dĂ©laissĂ©s au profit dâun contrĂŽle par les chiffres qui sâaccommode aisĂ©ment dâune dĂ©contraction apparente dans les relations interpersonnelles. This article focuses on the uses of the informal French pronoun âtuâ in labour relations, as measured by data from the COI survey, which contained some variables concerning the use of "tu" in addressing oneâs immediate line manager. The article first shows that the use of âtuâ is determined by three interwoven dimensions a contextual dimension the work sector, a personal dimension the generations, the socio-professional categories and in particular the two sexes differ in how comfortable they feel addressing a superior as âtuâ and finally a relational dimension. By studying the characteristics of line managers alongside those of their subordinates in a quantitative approach, it is possible to verify the dimension of solidarity in the use of âtuâ employees at the same socio-professional level, of the same generation and of the same sex, are increasingly inclined to do so. In contrast, social and status boundaries appear too strong to be crossed by the use of this pronoun. In particular, the article shows the extent to which women, regardless of their managerâs characteristics, still use âtuâ less than men. This practice is then explored as an indirect indicator of neo-managerial tropism in organisations. This shows how the abandonment of the more formal âvousâ in hierarchical relations correlates with various indicators of managerial change, such as quantitative objectives and evaluation interviews, which may partly explain why the use of âvousâ is more persistent in the public sector. The paper suggests that the progress of âtuâ may reflect the change in power relations within organisations, with a move away from the outward signs of hierarchical verticality to a quantitative monitoring that easily accommodates an apparent relaxation in interpersonal de page EntrĂ©es dâindex Haut de page Notes de la rĂ©dactionPremier manuscrit reçu le 8 juin 2017 ; article acceptĂ© le 6 mars 2018. Notes de lâauteurCet article a dâabord grandement bĂ©nĂ©ficiĂ© de la relecture attentive de CĂ©dric HugrĂ©e qui a su apporter les remarques stimulantes et les encouragements nĂ©cessaires Ă la finalisation dâune premiĂšre version. Quâil en soit remerciĂ©. Merci Ă©galement au comitĂ© de rĂ©daction ainsi quâaux Ă©valuateurs qui ont permis dâamĂ©liorer substantiellement les versions successives de cet article. Merci enfin Ă Anne Bertrand pour sa disponibilitĂ© et le grand sĂ©rieux de son suivi. Texte intĂ©gral 1. Introduction 1 On peut par exemple trouver dans des articles qui traitent du sujet une recommandation simple propo ... 1En français, il nâest pas toujours facile de savoir sâil convient de tutoyer ou vouvoyer un interlocuteur lorsquâon le rencontre pour la premiĂšre fois. Le choix du pronom est lâobjet de codifications sociales complexes, riches en zones dâombre, qui rĂ©sistent Ă lâobjectivation. Cette question a longuement occupĂ© les linguistes Schoch, 1978 ; BĂ©al, 1989 ; Peeters, 2004 et nourri les manuels de savoir-vivre, sans pourtant que des rĂšgles intangibles et clairement partagĂ©es nâĂ©mergent, au-delĂ de quelques gĂ©nĂ©ralitĂ©s1. Cette indĂ©termination pose problĂšme aux Ă©trangers dĂ©sireux dâapprendre le français ; elle anime Ă©galement les dĂ©bats pĂ©dagogiques faut-il tutoyer ou vouvoyer les Ă©lĂšves Loiseau, 2003 ; Charbonnier, 2013 ? Elle pose question aux travailleurs sociaux les assistantes sociales doivent-elles tutoyer les personnes quâelles suivent ? Et les personnes suivies peuvent-elles se permettre de les tutoyer en retour Paugam, 2009 ? Cette question concerne aussi les sociologues Ă lâabord de leurs terrains faut-il tutoyer ou vouvoyer ses interlocuteurs ? Car si cette distinction peut, selon Muriel Darmon, devenir un matĂ©riau prĂ©cieux dans lâanalyse des entretiens » Darmon, 2008, p. 51, elle peut aussi, Ă lâoccasion, peser sur les analyses lexicomĂ©triques des corpus, en clivant les entretiens selon le pronom utilisĂ© entre les interactants Cibois, 2008. Câest enfin, nous le verrons, une question particuliĂšrement sensible dans le monde du travail est-il bienvenu de tutoyer son employeur ou son responsable hiĂ©rarchique ? Ă partir de quand et avec qui peut-on se le permettre » ? JusquâoĂč le tutoiement est-il soluble dans les relations de pouvoir ? 2 Sâil est connu que toutes les langues nâopĂšrent pas une telle distinction, aucune ne se prive cepen ... 3 Les nobles tutoient les gens du peuple, et ceux-ci utilisent le vous Ă lâĂ©gard des seigneurs. Les ... 2Cette question nâest pas anecdotique. Le choix pronominal dans les interactions est peut-ĂȘtre la dimension langagiĂšre dont la performativitĂ© Austin, 1962 est la plus Ă©vidente. Le pronom signifie autant quâil construit le degrĂ© de proximitĂ©, la distance » entre protagonistes dâune interaction. En effet, en français comme dans dâautres langues, le vouvoiement sert Ă marquer la distance ou la diffĂ©rence des positions sociales2. Remontant aux origines historiques de ces distinctions pronominales, Roger Brown et Albert Gilman 1960 ont ainsi montrĂ© comment lâĂ©mergence du vouvoiement Ă lâadresse dâune personne seule sâinscrivait dans une sĂ©mantique du pouvoir » power semantic dans laquelle le tutoiement non rĂ©ciproque dire tu et recevoir vous Ă©tait le marqueur langagier dâune asymĂ©trie entre interlocuteurs. Dans la sociĂ©tĂ© fĂ©odale, trĂšs attentive aux hiĂ©rarchies entre ordres, gĂ©nĂ©rations et fonctions sociales, le vous » dĂ©signait, par-delĂ la personne, son groupe social3. Ă lâinverse, le tutoiement sâinscrivait dans une sĂ©mantique de la solidaritĂ© » solidarity semantic on tutoyait â et lâon tutoie toujours â ses Ă©gaux, ses pairs, ses proches, dans une posture Ă©galitaire dĂ©passant les clivages sociaux ou gĂ©nĂ©rationnels. Cette dimension rend dâailleurs le tutoiement trĂšs ambigu il peut aussi bien ĂȘtre un marqueur de proximitĂ© et dâaffection que devenir une offense caractĂ©risĂ©e sâil est utilisĂ© Ă contre-emploi, en lâabsence de toute solidaritĂ© objective â Ă ce point quâil est mĂȘme parfois vu, dans certains contextes, comme une forme de maltraitance » BontĂ©, 2010. 4 Le fameux Ă©change entre N. Sarkozy et un visiteur du salon de lâagriculture en 2008 est tout Ă fait ... 3Tutoyer quelquâun sans son assentiment revient en effet Ă lâinfĂ©rioriser, Ă signifier lâabsence de toute dĂ©fĂ©rence Ă son Ă©gard. Ainsi, tutoyer spontanĂ©ment un professeur, un policier, un Ă©lu, voire un prĂ©sident de la RĂ©publique lorsquâon est un simple Ă©lĂšve, justiciable ou citoyen, revient Ă refuser de reconnaĂźtre sa face » au sens Goffmanien Goffman, 19734. Le tutoiement est de ce fait lâobjet dâune vive attention dans les rapports entre les forces de lâordre et les justiciables. Les enquĂȘtes ethnographiques soulignent que les policiers et les gendarmes font du tutoiement le marqueur dâun rapport de forces leur Ă©tant favorable, et lâutilisent notamment en interrogatoire comme outil de pression et symbole de domination » Jobard, 2002 ; Gauthier, 2010. De leur cĂŽtĂ©, les justiciables tendent parfois Ă retourner ce tutoiement, ce que les policiers voient comme un signe dâirrespect. On voit ainsi que les usages du pronom tu » sont aussi codifiĂ©s quâambigus, et quâils sont Ă la fois produits et producteurs des rapports sociaux, selon quâils rapprochent ou quâils visent Ă humilier. 4Les enjeux symboliques des usages du tutoiement se retrouvent dans la vie professionnelle, oĂč les positions diffĂ©renciĂ©es dans une hiĂ©rarchie sont gĂ©nĂ©ralement marquĂ©es linguistiquement. En France, il est communĂ©ment admis que les dĂ©tenteurs dâune autoritĂ© quelconque sont fondĂ©s Ă sâattendre Ă ĂȘtre vouvoyĂ©s de prime abord et quâil leur revient de dĂ©finir le registre langagier des interactions avec leurs subordonnĂ©s ; le passage au tu » ne peut se faire sans leur assentiment et relĂšve normalement de leur initiative. Pour les raisons dĂ©jĂ Ă©voquĂ©es plus haut, les ambiguĂŻtĂ©s du tutoiement demeurent donc au travail. Un tutoiement rĂ©ciproque entre un responsable et son subordonnĂ© peut marquer une certaine proximitĂ©, une solidaritĂ© par-delĂ les niveaux hiĂ©rarchiques, mais un tutoiement unilatĂ©ral et non consenti peut revĂȘtir une dimension de violence symbolique des salariĂ©s peuvent subir au travail un tutoiement quâils nâont pas dĂ©sirĂ©, quâil Ă©mane de leur supĂ©rieur ou de la clientĂšle, comme dans le cas des caissiĂšres par exemple Bernard, 2014. Ă lâinverse, un tutoiement non autorisĂ© de la part dâun subordonnĂ© peut participer dâun rĂ©pertoire agonistique dans les relations professionnelles. 5Mais, dans lâunivers professionnel, le tutoiement peut revĂȘtir une signification supplĂ©mentaire, lorsquâil devient un signe revendiquĂ© de modernitĂ© organisationnelle. Dans certaines entreprises, lâencouragement Ă la pratique du tutoiement peut traduire une volontĂ© de rompre avec les formalismes dâorganisations fordiennes oĂč la hiĂ©rarchie Ă©tait pensĂ©e sur un mode militaire sĂ©parant statutairement â et linguistiquement â les cadres des exĂ©cutants. Plus quâune simple codification folklorique une culture dâentreprise », le tutoiement devient alors potentiellement producteur du changement organisationnel, un outil visant Ă accompagner lâhorizontalisation des organisations. 6Interroger la place et les usages du tu » dans le quotidien professionnel ne renvoie donc pas seulement Ă une problĂ©matique dâordre sociolinguistique. Cette dĂ©marche sâinscrit pleinement dans les hypothĂšses contemporaines de la sociologie du travail et des organisations, accordant une attention particuliĂšre aux relations concrĂštes sur le lieu de travail et interrogeant plus largement les modes de domination rapprochĂ©s » Memmi, 2008. Mais comment mesurer la frĂ©quence et lâĂ©volution dâune telle pratique ? 5 Les sigles et acronymes utilisĂ©s dans lâarticle sont dĂ©taillĂ©s en annexe. 7Les rĂ©sultats sur lesquels nous allons travailler sâappuient sur une variable dĂ©clarative tirĂ©e de lâenquĂȘte COI voir lâencadrĂ© 1, qui interrogeait les rĂ©pondants sur leur usage du tu » ou du vous » Ă lâadresse de leur responsable hiĂ©rarchique direct voir lâencadrĂ© 2. Ă notre connaissance, cette variable pourtant fort intĂ©ressante nâa que peu Ă©tĂ© utilisĂ©e, hormis de maniĂšre synthĂ©tique â mais nĂ©anmoins trĂšs Ă©clairante â par Françoise Rouard et FrĂ©dĂ©ric Moatty, dans un article plus gĂ©nĂ©ralement consacrĂ© aux langues utilisĂ©es au travail Rouard et Moatty, 2016. Elle nâa dâailleurs pas Ă©tĂ© reprise dans les enquĂȘtes suivantes de la DARES5, quâil sâagisse de lâenquĂȘte conditions de travail » ou de lâenquĂȘte REPONSE. EncadrĂ© 1. LâEnquĂȘte Changements Organisationnels et Informatisation COILâenquĂȘte COI a Ă©tĂ© conçue et coordonnĂ©e par le Centre dâĂ©tudes de lâemploi CEE, en partenariat avec la DARES, lâINSEE et le SESSI Greenan et al., 2005. La premiĂšre version, datant de 1997, ne sâadressait quâaux entreprises industrielles de plus de 50 salariĂ©s, en interrogeant Ă la fois les salariĂ©s et leurs employeurs sur un certain nombre dâaspects de leur vie professionnelle, avec une majoritĂ© de modules ayant trait Ă la place des technologies et des outils managĂ©riaux dans leur travail, mais Ă©galement un certain nombre de questions liĂ©es aux relations professionnelles et notamment aux responsabilitĂ©s managĂ©riales » des seconde version de lâenquĂȘte, diffusĂ©e en 2006, a Ă©tendu lâanalyse aux entreprises de plus de 20 salariĂ©s du secteur marchand, et a associĂ© la Direction gĂ©nĂ©rale de lâadministration et de la fonction publique DGAFP pour soumettre le mĂȘme questionnaire aux salariĂ©s de la fonction publique dâĂtat FPE et de la fonction publique hospitaliĂšre FPH. Afin de faciliter les comparaisons public-privĂ©, le choix a Ă©tĂ© fait de ne solliciter ni les enseignants, ni les magistrats ni lâensemble des personnels du ministĂšre de la DĂ©fense, qui ont Ă©tĂ© exclus du champ de lâenquĂȘte du fait de leurs conditions de travail atypiques. Le dispositif COI nâa pas Ă©tĂ© prolongĂ© au-delĂ de 2006, mais un certain nombre de ses questions ont Ă©tĂ© versĂ©es Ă lâenquĂȘte Conditions de travail » de 2011 et Ă lâenquĂȘte REPONSE » 2011, 2017.Le prĂ©sent travail sâappuie sur les rĂ©sultats du volet salariĂ©s » de lâenquĂȘte hors FPH, qui contient 15 600 salariĂ©s appartenant Ă 7 000 entreprises des secteurs marchands et un peu plus de 1 200 agents de la Fonction publique dâĂtat issus de 380 directions dâadministrations centrales ou questionnaire adressĂ© aux salariĂ©s Ă©tait structurĂ© en neuf parties. AprĂšs une description large du rĂ©pondant, de son statut dâemploi, Ă©taient successivement abordĂ©s ses horaires et outils de travail ; les caractĂ©ristiques de son lieu de travail et les relations quâil y entretient avec ses collĂšgues notamment son n + 1, ci-aprĂšs appelĂ© chef » ; ses responsabilitĂ©s, son autonomie et lâaide quâil peut recevoir au quotidien ; son rythme de travail, ses sources et les outils de mesure de sa productivitĂ© ; ses compĂ©tences et leur Ă©volution formations ; sa rĂ©munĂ©ration, et notamment les parts variables et enfin les changements survenus dans les trois ans prĂ©cĂ©dant lâenquĂȘte contexte de travail, de mĂ©thodes etc.. Le questionnaire se terminait par un bilan gĂ©nĂ©ral du rapport au travail du rĂ©pondant et de son statistiques descriptives prĂ©sentĂ©es ci-aprĂšs, ainsi que les modĂšles de rĂ©gression, ont fait lâobjet dâun redressement pour tenir compte de la structure spĂ©cifique de lâĂ©chantillon de trouvera plus dâinformations sur 8Le tutoiement que nous Ă©tudierons est donc un tutoiement ascendant » Ă lâadresse dâune ou un supĂ©rieur hiĂ©rarchique direct. LâenquĂȘte COI ne permet pas dâinterroger la rĂ©ciproque, câest-Ă -dire les cas oĂč un supĂ©rieur hiĂ©rarchique dĂ©clarerait tutoyer les salariĂ©s sous sa responsabilitĂ©. LâenquĂȘte ne permet pas non plus dâanalyser les situations dissymĂ©triques impliquant un tutoiement descendant » et un vouvoiement montant », qui continuent probablement de marquer en France certains rapports intergĂ©nĂ©rationnels ou inter-genres sur les lieux de travail. EncadrĂ© 2. Questions relatives au tutoiement hiĂ©rarchique dans lâenquĂȘte COI Votre supĂ©rieur hiĂ©rarchique direct estâŠ- un homme ?- une femme ?- vous nâavez pas de supĂ©rieur hiĂ©rarchique direct ? Est-il ou est-elleâŠ- Ă peu prĂšs de la mĂȘme gĂ©nĂ©ration que vous ?- plus ĂągĂ© ?- plus jeune ? Le ou la tutoyez-vous ou vouvoyez-vous ?- vous le la tutoyez ;- vous le la vouvoyez. 6 Certains styles sont en effet non attestĂ©s selon le sexe des protagonistes ou trĂšs directement dĂ©pe ... 9Il convient Ă©galement de prendre acte des limites dâune approche statistique sur un tel sujet. Le questionnaire impose de dĂ©clarer le pronom utilisĂ© avec son chef. Or, certaines relations hiĂ©rarchiques ne sont sans doute pas fixĂ©es de ce point de vue on peut trĂšs bien se vouvoyer dans les relations professionnelles, voire seulement dans certains contextes formels, et se tutoyer dans les relations plus informelles, en marge du travail ou dans les marges du travail Ă lâoccasion dâĂ©vĂ©nements particuliers ou dâactivitĂ©s festives ou ludiques entre collĂšgues. Des pĂ©riodes de flottement plus ou moins longues peuvent Ă©galement accompagner le choix du pronom, faites dâallers-retours, dâaudaces contrariĂ©es, dâimplicite ambiguĂŻtĂ© qui font quâen pratique, on peut Ă la fois tutoyer et vouvoyer quelquâun, et ce pendant longtemps. Une sociologie du tutoiement mĂ©rite donc un travail de terrain fait dâobservations prolongĂ©es, Ă lâimage de lâenquĂȘte ethnographique de Denis Guigo 1991, rĂ©alisĂ©e Ă la fin des annĂ©es 1980 dans la direction parisienne dâune grande sociĂ©tĂ©, qui rĂ©vĂšle toute la complexitĂ© des rĂšgles dâadresse en milieu professionnel. Il montre notamment que le systĂšme dâadresse en entreprise ne se rĂ©duit pas Ă cette alternative entre vouvoiement et tutoiement. Il distingue ainsi huit styles » possibles combinant lâusage de Monsieur ou Madame, du nom ou du prĂ©nom, associĂ©s Ă un vouvoiement ou un tutoiement, avec une gradation dans la proximitĂ© allant du style distant » Monsieur ou Madame + vous au style amical » prĂ©nom + tu en passant par diffĂ©rentes combinaisons. Cette analyse offre un aperçu des Ă©tapes Ă franchir sur le chemin dâune proximitĂ© croissante abandon du Monsieur / Madame », utilisation du prĂ©nom, passage au tutoiement tout en tenant compte du caractĂšre genrĂ© des rĂšgles dâadresse6. Une Ă©tude aussi fine des systĂšmes dâadresse » demeure impossible avec les donnĂ©es de lâenquĂȘte COI. Mais, comme Denis Guigo lâestimait fort justement, le choix du terme dâadresse entre deux personnes combine toujours crĂ©ativitĂ© individuelle et mĂ©diation des usages sociaux prĂ©existants » Guigo, 1991, p. 48. Ătudier cette question du point de vue de lâenquĂȘte quantitative gomme sans doute lâimportance de lâintuitu personae, de cette crĂ©ativitĂ© individuelle » entre les interactants, mais cette approche fait ressortir le poids et les grands dĂ©terminants des usages sociaux » du tutoiement sur le lieu de travail. 10Nous verrons en effet quâau travail, le choix du pronom est toujours largement conditionnĂ© par des caractĂ©ristiques objectivables du salariĂ© et de son chef, en interaction avec les normes organisationnelles changeantes des entreprises. Cet article se donne un double objectif saisir Ă la fois certaines constantes dans la codification des rapports interpersonnels au travail et mesurer, par certains signes indirects, les liens entre la pratique du tutoiement et lâĂ©volution gestionnaire des entreprises et de la fonction publique dâĂtat. 7 Lâextension de lâenquĂȘte COI Ă lâadministration dâĂtat permet cependant dâaborder de maniĂšre orig ... 11La premiĂšre partie sera consacrĂ©e Ă la place du tutoiement sur les lieux de travail, en tenant compte des caractĂ©ristiques des rĂ©pondants et de celles de leurs chefs. Il sâagira de mesurer lâeffet sur la pratique du tutoiement des diffĂ©rences de sexe, dâĂąge et de niveau de qualification entre le subordonnĂ© et son supĂ©rieur hiĂ©rarchique. Nous Ă©tudierons ensuite, dans une seconde partie, les liens entre adoption du tutoiement et changements gestionnaires, par une analyse des dĂ©terminants et des effets organisationnels du tutoiement. Ce faisant, nous montrerons en quoi le tutoiement peut ĂȘtre vu Ă la fois comme un marqueur et un vecteur du changement organisationnel et avec lui des rapports de pouvoir dans les organisations. Nous verrons notamment comment la question du tutoiement peut sâintĂ©grer dans une mise en perspective plus gĂ©nĂ©rale des mĂ©thodes de travail et des relations de travail des secteurs public et privĂ©, ce qui Ă©tait lâun des objectifs de lâenquĂȘte COI7. 2. La place du tutoiement hiĂ©rarchique au travail Un tutoiement aujourdâhui majoritaire mais trĂšs inĂ©gal selon les secteurs 12Dâune maniĂšre gĂ©nĂ©rale, un peu moins des deux tiers des salariĂ©s 63 % dans la population gĂ©nĂ©rale de lâenquĂȘte dĂ©claraient tutoyer leur chef, faisant du vouvoiement du supĂ©rieur une rĂšgle dâadresse aujourdâhui largement minoritaire figure 1. La pratique du tutoiement nâest cependant pas homogĂšne dans toute la population salariĂ©e prise en compte dans le champ de lâĂ©tude, et cette apparente hĂ©gĂ©monie du tutoiement cache des disparitĂ©s trĂšs accusĂ©es. 13Ainsi, les salariĂ©s du secteur public tutoient notablement moins leur chef que ceux du privĂ© figure 2 ; seule une minoritĂ© 43 % dĂ©clare le faire. Ce rĂ©sultat a de quoi surprendre, mais il faut tenir compte du champ spĂ©cifique de lâenquĂȘte COI dans la fonction publique dâĂtat. Le souhait des concepteurs de lâenquĂȘte dâen retirer les magistrats et les enseignants, du fait de leur usage supposĂ© faible des outils informatiques, pĂšse certainement sur la place globale du tutoiement dans la fonction publique dâĂtat. 14Ă lâintĂ©rieur du secteur privĂ© lui-mĂȘme, il existe des disparitĂ©s fortes entre les secteurs tableau 1 les activitĂ©s spĂ©cialisĂ©es, scientifiques et techniques se signalent par une quasi-systĂ©maticitĂ© du tutoiement, les mĂ©tiers de lâanimation semblent Ă©galement trĂšs propices Ă cette pratique, ainsi que les secteurs industriels qui sont au-delĂ de 70 % de tutoiement. Ă lâinverse, les activitĂ©s de services administratifs, le commerce, et surtout les activitĂ©s immobiliĂšres, se signalent par un recours moins frĂ©quent quoique toujours majoritaire au tutoiement. 15Ces diffĂ©rences marquĂ©es entre les secteurs peuvent avoir des causes diverses. On peut notamment faire lâhypothĂšse quâil existe des cultures organisationnelles spĂ©cifiques dans certains secteurs qui expliquent un recours plus systĂ©matique au tutoiement. On pourrait par exemple imaginer que le tutoiement est dâautant plus frĂ©quent que les salariĂ©s restent longtemps dans leur entreprise. En observant lâanciennetĂ© des personnels des secteurs oĂč le tutoiement est le plus Ă©levĂ©, on sâaperçoit cependant que cette variable ne semble pas pouvoir expliquer Ă elle seule le recours au tutoiement. En effet, si lâon observe bien un tutoiement et une anciennetĂ© moyenne Ă©levĂ©s dans les secteurs de lâindustrie, les secteurs des activitĂ©s spĂ©cialisĂ©es scientifiques et techniques » ou le secteur des arts, spectacle et animation », par exemple, sont marquĂ©s par un fort turnover et un fort tutoiement. Il semble bien que pour ces derniers, la forte proportion de personnels trĂšs qualifiĂ©s soit plus explicative. 16Il faut donc prendre en compte une seconde hypothĂšse susceptible dâexpliquer les diffĂ©rences sectorielles la structure hiĂ©rarchique et la dĂ©mographie des diffĂ©rents secteurs. La question se pose en effet car, Ă titre dâexemple, on peut relever que le tutoiement est trĂšs Ă©levĂ© dans certains secteurs oĂč les femmes sont trĂšs minoritaires Ă peine 9 % de femmes dans la construction et entre 25 % et 30 % dans les diffĂ©rents secteurs de lâindustrie. Or, cela nâest probablement pas sans effet sur la question des rĂšgles dâadresse, comme nous le verrons par la suite. Les statistiques descriptives globales sont donc Ă prendre avec mesure tant que les liens entre le tutoiement et la composition des personnels des diffĂ©rents secteurs nâa pas Ă©tĂ© prise en compte, ce que nous allons faire maintenant. Figure 1. RĂšgle dâadresse utilisĂ©e avec le supĂ©rieur hiĂ©rarchique direct Source enquĂȘtes COI et COI-FP 2006 / volet salariĂ©s », Statistique publique, salariĂ©s ayant au moins un an dâanciennetĂ© des entreprises de plus de vingt salariĂ©s secteur privĂ© et agents de la FPE hors enseignants et magistrats. Uniquement les salariĂ©s travaillant au contact direct de leur chef ». DonnĂ©es pondĂ©rĂ©es. Figure 2. Tutoiement du supĂ©rieur hiĂ©rarchique direct en fonction du secteur Source et champ voir la figure 1. Tableau 1. Tutoiement ou vouvoiement du supĂ©rieur hiĂ©rarchique direct en fonction du secteur privĂ© â en % Source et champ voir la figure 1 privĂ© uniquement. Qui tutoie le plus ? Les femmes tutoient beaucoup moins leur chef 17La pratique du tutoiement rĂ©vĂšle une diffĂ©rence trĂšs marquĂ©e entre les hommes et les femmes. Une large majoritĂ© des hommes tutoie son chef 70 %, mais seule une femme sur deux 49 % fait de mĂȘme figure 3. 18Cet Ă©cart important sâexplique pour partie par des effets de structure. On peut dâabord relever que les femmes sont plus rarement Ă des niveaux hiĂ©rarchiques Ă©levĂ©s, lĂ oĂč le tutoiement est la rĂšgle, du fait du plafond de verre » Buscatto et Marry, 2009 quâelles rencontrent Ă la fois dans lâadministration Milewski, 2004 ; Doniol-Shaw et Le Douarin, 2005, dans les entreprises privĂ©es Laufer, 2004, 2005 ; Landrieux-Kartochian, 2007 et dans les entreprises publiques Pochic et al., 2010. Il faut ensuite noter quâelles ont moins de chances dâĂȘtre encadrĂ©es par des collĂšgues de mĂȘme sexe, et nous verrons que la proximitĂ© de genre a une influence considĂ©rable sur le tutoiement sur le lieu de travail. LâĂąge un dĂ©terminant peu fiable 19Dans la mesure oĂč il est jugĂ© prĂ©fĂ©rable de vouvoyer ses aĂźnĂ©s, et oĂč les hiĂ©rarchies professionnelles sont, en France, encore assez largement produites par les disparitĂ©s en matiĂšre dâexpĂ©rience, il serait logique que les jeunes actifs soient tendanciellement enclins Ă vouvoyer leur chef. Pourtant, lâĂąge nâapparaĂźt pas aussi mĂ©caniquement liĂ© aux rĂšgles dâadresse quâon pourrait sây attendre. Les formalismes liĂ©s au choix du pronom semblent certes lĂ©gĂšrement plus respectĂ©s par les salariĂ©s en tout dĂ©but et en fin de carriĂšre, mais les Ă©carts demeurent assez rĂ©duits. Câest plus vraisemblablement le rapport gĂ©nĂ©rationnel entre le rĂ©pondant et son supĂ©rieur qui est dĂ©terminant, comme nous le verrons plus loin. Un tutoiement qui progresse avec le niveau hiĂ©rarchique hors ouvriers 20Autre diffĂ©rence notable, les personnels dâencadrement cadres et cadres A dans le public pratiquent plus volontiers le tutoiement que les autres catĂ©gories dans le secteur privĂ©, 76 % des cadres tutoient leur supĂ©rieur hiĂ©rarchique direct contre 68 % des professions intermĂ©diaires et 55 % des employĂ©s ; les ouvriers se distinguent avec des taux comparativement plus Ă©levĂ©s que les employĂ©s 62 %. Lâusage du tu » dĂ©cline donc selon les niveaux hiĂ©rarchiques dâune maniĂšre presque linĂ©aire, Ă lâexception notable des ouvriers, qui tutoient significativement plus leur chef que les employĂ©s. 21Dans le secteur public, la structure des rĂ©ponses est relativement proche, mais notablement dĂ©calĂ©e puisque, comme nous lâavons montrĂ© plus haut, le tutoiement y est globalement moins frĂ©quent figure 4. Ainsi, la catĂ©gorie qui tutoie le plus dans le secteur public les cadres A tutoie Ă peine autant que la catĂ©gorie qui tutoie le moins dans le secteur privĂ©, sachant cependant que la diffĂ©rence public/privĂ© est moins accentuĂ©e chez les ouvriers que dans les autres PCS les professions et catĂ©gories socio-professionnelles de lâINSEE. 22Comment expliquer cette structuration hiĂ©rarchique du tutoiement ? On conçoit assez bien que le tutoiement entre cadres traduise une commune appartenance Ă un groupe restreint conscient de lui-mĂȘme. Une logique de paritĂ© semble sous-jacente et ce tu » sâinscrit bien dans la sĂ©mantique de la solidaritĂ© » de R. Brown et A. Gilman 1960. Comme le notait Denis Guigo Le passage Ă lâĂ©tat de cadre est en quelque sorte une initiation certains membres de lâencadrement vouvoient toujours les employĂ©s et ne passent au Tu que le jour prĂ©cis oĂč lâun dâentre eux est nommĂ© cadre » Guigo, 1991, p. 47. 23Cet entre-soi encadrant, qui se manifeste par le basculement pronominal accordĂ© aux cadres promus, est encore renforcĂ© par la provenance de filiĂšres de formation communes. Il existe en France une tradition bien ancrĂ©e de tutoiement entre sortants des mĂȘmes grandes Ă©coles. Pour certaines, des rĂšgles trĂšs explicites ont mĂȘme Ă©tĂ© formulĂ©es. Par exemple, dans le cadre dâune enquĂȘte rĂ©cente, une jeune ingĂ©nieure sortie de polytechnique Ă©voque le fait que chez les âXâ, il y a des rĂšgles [selon lesquelles] on devrait tutoyer tout le monde. AprĂšs il y a quand mĂȘme une dĂ©rogation ; câest que, au-delĂ de dix ans dâĂ©cart dâĂąge, on a le droit de vouvoyer les gens ». Elle admettra dâailleurs sa difficultĂ© Ă le faire je ne vais pas spontanĂ©ment tutoyer des gens de 60 ans qui ont une grande carriĂšre, et que je ne connais pas ». 24Pour ceux dont les encadrants sont gĂ©nĂ©ralement membres dâun autre collĂšge professionnel professions intermĂ©diaires et employĂ©s, le tutoiement semble moins facile. Chez les ouvriers, on peut faire lâhypothĂšse que le supĂ©rieur direct est trĂšs frĂ©quemment un ancien ouvrier lui-mĂȘme, promu sur place, ou un technicien certes diplĂŽmĂ© mais issu du monde ouvrier HugrĂ©e, 2016, auquel cas le tutoiement sâimpose comme marqueur dâune communautĂ© de destin qui dĂ©passe les nivellements hiĂ©rarchiques de premier degrĂ© qui structurent lâindustrie. Il importe cependant de noter que cette Ă©vidence apparente du tutoiement parmi les ouvriers ne vaut que pour les hommes, et quâelle doit trĂšs probablement beaucoup au fait que les ouvriers sont pour les trois-quarts dans les secteurs Figure 3. Tutoiement du supĂ©rieur hiĂ©rarchique direct en fonction du sexe du rĂ©pondant Source et champ voir la figure 1. Figure 4. Tutoiement du supĂ©rieur hiĂ©rarchique direct en fonction de la PCS et du secteur Source et champ voir la figure 1. 8 Il est ainsi notable que le tutoiement du chef progresse de prĂšs de 10 points chez les salariĂ©s qui ... 25dans lesquels le tutoiement est massif industrie et construction. En revanche, les employĂ©s ne semblent pas entretenir les mĂȘmes rapports de proximitĂ© avec leur chef. Ce sont systĂ©matiquement eux qui vouvoient le plus leur responsable hiĂ©rarchique, et ce dans le public 62 % comme dans le privĂ© 49 %. Cette diffĂ©rence est notable. Lâusine, lâatelier ou le chantier semblent des lieux plus Ă©pargnĂ©s par les formalismes langagiers que les bureaux ; il reste Ă dĂ©terminer si cela tient Ă lâactivitĂ© mĂȘme qui sây pratique, aux interactions rendues possibles par les relations de travail8, ou au sex-ratio des personnels aux diffĂ©rents niveaux de qualification. Quels chefs sont les plus vouvoyĂ©s ? 26Ătant le produit dâun rapport social entre un salariĂ© et son chef, le choix du pronom ne peut pas ĂȘtre analysĂ© Ă la seule aune des propriĂ©tĂ©s sociales du subordonnĂ© ; il importe Ă©galement de prendre en compte les caractĂ©ristiques du chef, car les rĂšgles dâadresse sont dâabord Ă©tablies sur la base du rapport hiĂ©rarchique. Une commune appartenance de sexe encourage au tutoiement 9 Situation assez rare au demeurant, qui ne concernait que 10 % des hommes dans la base COI. 27Le tutoiement semble toujours plus aisĂ© avec quelquâun de son sexe 72 % des hommes tutoient leur chef lorsquâil sâagit dâun homme mais ils ne sont que 65 % Ă le faire sâil sâagit dâune femme9. Cet effet de la diffĂ©rence de sexe est encore plus marquĂ© chez les femmes 60 % des femmes tutoient leur chef si câest une femme mais elles ne sont que 42 % Ă faire de mĂȘme avec un homme -18 points. La barriĂšre de genre, agissante pour les deux sexes, semble donc toujours plus haute pour les femmes. On pense assez spontanĂ©ment quâelle sâexplique par des raisons liĂ©es Ă une forme de prudence de la part de ces derniĂšres, qui marqueraient avec les hommes une distance leur permettant dâĂ©viter une familiaritĂ© potentiellement problĂ©matique. Le vouvoiement maintiendrait une distance protectrice contre des formes de harcĂšlement. Câest lâhypothĂšse que formulent F. Rouard et F. Moatty Ă partir des mĂȘmes donnĂ©es, estimant que ce rĂ©sultat reflĂšte une diffĂ©rence entre les sexes, mais surtout une mise Ă distance du supĂ©rieur hiĂ©rarchique chez les femmes, qui limitent le registre de la familiaritĂ© dans les relations professionnelles » Rouard et Moatty, 2016, p. 67. Cette explication semble tout Ă fait crĂ©dible mais nâĂ©puise pas la question, car cette mise Ă distance se retrouve chez les deux sexes. Doit-on dĂšs lors imaginer que les hommes jugent Ă©galement plus prudent dâĂ©viter toute familiaritĂ© avec des chefs de sexe fĂ©minin ? Rien nâinterdit de lâimaginer, mais nous nâavons guĂšre de moyens de rĂ©pondre Ă cette question pour lâinstant. LâaĂźnesse pousse au vouvoiement 28La pratique du tutoiement est plus frĂ©quente lorsque le chef est de la mĂȘme gĂ©nĂ©ration 71 %, voire plus jeune 66 % que le rĂ©pondant. Suivant une rĂšgle dâadresse bien Ă©tablie, les chefs plus ĂągĂ©s que leurs subordonnĂ©s sont donc moins tutoyĂ©s que les autres 56 %. Câest dâailleurs la situation la plus frĂ©quente 43 % des rĂ©pondants ont un chef plus ĂągĂ©, 30 % un chef Ă peu prĂšs de la mĂȘme gĂ©nĂ©ration et un gros quart ont un chef plus jeune quâeux. 10 Ce phĂ©nomĂšne semble dâailleurs dâautant plus sensible que lâĂ©cart dâĂąge a toutes les chances dâĂȘtre ... 29Lâobservance de cette rĂšgle est cependant conditionnĂ©e par la gĂ©nĂ©ration du rĂ©pondant les moins de 40 ans se permettent » beaucoup plus de tutoyer leur n + 1 que les plus de 50 ans figure 6. Deux explications semblent possibles soit leurs chefs sont tendanciellement assez jeunes Ă©galement, soit le vouvoiement Ă lâadresse des supĂ©rieurs hiĂ©rarchiques plus ĂągĂ©s est une rĂšgle en voie de fragilisation10. 30La prise en compte de la composante interactionnelle dĂ©bouche logiquement sur le constat que les statistiques descriptives prĂ©sentĂ©es ici ne peuvent suffire. Compte tenu de ce que lâon vient de voir, si les personnels dâencadrement nâont pas les mĂȘmes profils dans les diffĂ©rents secteurs, il est possible que les rĂ©sultats globaux soient influencĂ©s par la composition des populations. Notons dâabord que la structure de la population encadrante en France crĂ©e des probabilitĂ©s trĂšs inĂ©gales dâavoir un chef du mĂȘme sexe que soi selon quâon est homme ou femme les chefs » recensĂ©s dans la base COI sont dans 80 % des cas de sexe masculin, les hommes ont donc une probabilitĂ© beaucoup plus forte dâavoir un chef du mĂȘme sexe quâeux. Câest le cas de 90 % des hommes contre seulement 35 % des femmes. De mĂȘme, les ouvriers ont une probabilitĂ© plus Ă©levĂ©e que les autres salariĂ©s dâavoir un chef plus jeune quâeux, tandis que les cadres sont plus frĂ©quemment que les autres encadrĂ©s par des congĂ©nĂšres. Il faut donc raisonner de maniĂšre Ă neutraliser ces diffĂ©rences structurelles. Figure 5. Tutoiement du supĂ©rieur hiĂ©rarchique direct en fonction de lâĂ©cart dâĂąge Source et champ voir la figure 1. Figure 6. Tutoiement du supĂ©rieur hiĂ©rarchique direct lorsquâil est plus ĂągĂ© en fonction de lâĂąge Source et champ voir la figure 1 + salariĂ©s dont le chef » est plus ĂągĂ© quâeux n = 6919.Lecture 58 % des salariĂ©s de moins de 30 ans tutoient leur chef lorsquâil est plus ĂągĂ©. Sexe, Ăąge, niveau hiĂ©rarchique trois barriĂšres » toujours agissantes 11 Les trois barriĂšres sexe, Ăąge, hiĂ©rarchie se renforcent mutuellement. Toute familiaritĂ© est pra ... 31Des modĂ©lisations logit de la probabilitĂ© de tutoyer sa ou son chef plutĂŽt que de le vouvoyer montrent que les trois barriĂšres » qui inhibaient historiquement lâusage du tutoiement au travail dâaprĂšs D. Guigo semblent toujours agissantes11 diffĂ©rences de sexe, dâĂąge et de position hiĂ©rarchique poussent toujours au vouvoiement du chef, avec cependant quelques diffĂ©rences selon les secteurs tableau 2. Tableau 2. ModĂ©lisations logit de la probabilitĂ© de tutoyer le supĂ©rieur hiĂ©rarchique direct Source et champ voir la figure les trois modĂšles privĂ© n = 14 121, public n = 1 214, ensemble n = 15 358 comparent les chances p/1-p de tutoyer son chef entre une situation de rĂ©fĂ©rence homme entre 30 et 39 ans, de niveau profession intermĂ©diaire », ayant un chef du mĂȘme sexe et de la mĂȘme gĂ©nĂ©ration et une situation qui ne se diffĂ©rencie de la rĂ©fĂ©rence que par un critĂšre Ă la fois. Si les odds ratio sont supĂ©rieurs Ă 1, lâeffet estimĂ© est positif ; sâils sont compris entre 0 et 1, lâeffet est nĂ©gatif. Ainsi, dans le secteur privĂ©, si au lieu dâĂȘtre un homme, la rĂ©pondante est une femme, les chances quâelle tutoie son chef sont deux fois moindres contre 1. Les astĂ©risques accolĂ©s Ă lâodd ratio renseignent la significativitĂ© de lâeffet mesurĂ© *** significatif au seuil de 1 %, ** au seuil de 5 % et * au seuil de 10 %. Les femmes face au plafond de verbe » ? 12 On trouve par exemple, dans un article de Philippe Charrier relatif aux hommes exerçant le mĂ©tier d ... 32Pour les hommes comme pour les femmes, avoir un chef dâun sexe diffĂ©rent du sien diminue bien la probabilitĂ© de le ou la tutoyer, toutes choses Ă©gales par ailleurs, mais on peut constater que ce phĂ©nomĂšne est accentuĂ© chez les femmes il existe bien un effet propre du sexe fĂ©minin qui diminue la probabilitĂ© pour les femmes de tutoyer leur chef, quelles que soient les caractĂ©ristiques de ce dernier. Le modĂšle estime ainsi que dans le secteur privĂ©, une femme a environ deux fois moins de chances de tutoyer sa ou son chef quâun homme, indĂ©pendamment de leurs Ăąges et niveaux hiĂ©rarchiques respectifs. La pratique du tutoiement ascendant, comme revendication implicite dâune Ă©galitĂ© par-delĂ les statuts, est donc bien une pratique tendanciellement plus masculine. Les femmes semblent plus respecter les rĂšgles dâadresse associĂ©es aux diffĂ©rences hiĂ©rarchiques au travail. La modĂ©lisation permet donc dâasseoir lâhypothĂšse selon laquelle cette forme de respect nâest pas seulement le fruit dâune stratĂ©gie visant Ă garder ses distances » avec des chefs de sexe masculin. Le vouvoiement fĂ©minin du ou de la supĂ©rieure directe traduit sans doute lâintĂ©riorisation dâune sujĂ©tion plus globale ancrĂ©e dans les codifications sociales, qui les rend plus observantes des hiĂ©rarchies, lĂ oĂč les hommes dĂ©passent plus volontiers les frontiĂšres linguistiques quâon leur assigne12. Il nâest donc pas Ă©galement facile pour les femmes de sâaffranchir des dĂ©fĂ©rences astreintes codifiĂ©es dans les rapports sociaux, ce que nous pourrions appeler un plafond de verbe », la trace linguistique dâun rapport plus gĂ©nĂ©ral de domination Bourdieu, 1998 qui les dissuade dâopter pour le pronom associĂ© Ă la sĂ©mantique de la solidaritĂ© ». Le tutoiement des jeunes, entre effets dâĂąge et de gĂ©nĂ©ration 33Si lâĂąge ne semble pas dĂ©terminant dans le secteur public, il y a bien un effet Ăąge » dans le secteur privĂ©. Les rapports sociaux intergĂ©nĂ©rationnels sont bien lâobjet dâun marquage langagier au travail. Toutes choses Ă©gales par ailleurs, on voit dâune part quâil est toujours moins probable de tutoyer un chef plus ĂągĂ© que soi et dâautre part que les rĂ©pondants vouvoient dâautant plus leur chef quâils sont eux-mĂȘmes ĂągĂ©s. La rĂšgle demeure donc toujours prĂ©gnante qui reconnaĂźt la diffĂ©rence dâĂąge comme productrice dâune inĂ©galitĂ© encourageant au vouvoiement des gĂ©nĂ©rations prĂ©cĂ©dentes, mĂȘme si cette rĂšgle semble sâaffaiblir dans les plus jeunes gĂ©nĂ©rations. Que reste-t-il du tutoiement ouvrier ? 34Suivant la mĂȘme approche, si lâon neutralise notamment les Ă©carts de sexe et dâĂąge entre les rĂ©pondants et leur n + 1, il ressort que toutes choses Ă©gales par ailleurs, les ouvriers du secteur privĂ© tutoient toujours moins leur chef que les professions intermĂ©diaires, qui tutoient moins que les cadres. Sâil existe bien statistiquement un tutoiement ouvrier, celui-ci semble largement le produit des propriĂ©tĂ©s sociales des interactants. Une fois les effets de structure contrĂŽlĂ©s, il reste bien lâimage dâun monde du travail oĂč la place occupĂ©e dans la hiĂ©rarchie conditionne la possibilitĂ© de se permettre » de tutoyer son chef. Les cadres, Ă lâimage de la noblesse dâancien rĂ©gime, pratiquent un tutoiement rĂ©ciproque trĂšs frĂ©quent, marqueur dâune commune appartenance Ă un groupe dominant conscient de lui-mĂȘme. Ils reçoivent en revanche un vouvoiement de la part de ceux qui sont moins haut placĂ©s quâeux, et cette rĂšgle semble se transposer jusquâaux plus bas niveaux de la hiĂ©rarchie salariale. Ce phĂ©nomĂšne ne se transpose pas Ă lâidentique dans le secteur public, le modĂšle nâaboutissant pas Ă des rĂ©sultats significatifs. Il faut noter cependant que les ouvriers » de la fonction publique dâĂtat sont Ă la fois peu nombreux 6 % des effectifs et trĂšs particuliers. Quel effet du secteur ? 13 La taille respective des deux bases peut Ă©videmment ĂȘtre en cause, mais les quelque 1500 rĂ©pondants ... 35Lorsque lâon compare les modĂ©lisations construites respectivement sur le secteur public et le secteur privĂ©, il est notable quâĂ lâexception du sexe, la plupart des variables nâont pas dâeffet significatif dans le secteur public13. De plus, lorsque le secteur est ajoutĂ© comme paramĂštre du modĂšle colonne Ensemble » dans le tableau 2, on constate quâil y a bien un effet secteur » propre Ă la fonction publique dâĂtat, que le recours plus frĂ©quent au vouvoiement que lâon y observe nâest pas seulement lâeffet dâune composition de la main dâĆuvre diffĂ©rente, ni la consĂ©quence de logiques dâaccĂšs aux responsabilitĂ©s plus tardives. Toutes choses Ă©gales par ailleurs, on tutoie tendanciellement moins dans le secteur public et cette pratique y semble moins dĂ©terminĂ©e par les caractĂ©ristiques des agents. En un mot, le vouvoiement semble sây imposer comme une norme plus impersonnelle, conditionnant plus le vouvoiement Ă une inĂ©galitĂ© de fonctions inscrite dans un systĂšme bureaucratique quâaux propriĂ©tĂ©s sociales des interactants. 36Cette diffĂ©rence nous invite maintenant Ă Ă©tudier les effets contextuels et organisationnels qui peuvent influencer le choix du pronom. Le recours plus frĂ©quent au tutoiement dans le privĂ© serait-il le signe dâorganisations plus horizontales, moins pyramidales que celle de la fonction publique, volontiers prĂ©sentĂ©e comme affectĂ©e dâun lourd retard gestionnaire », empĂȘtrĂ©e dans une forme bureaucratique rĂ©putĂ©e immuable Bezes, 2009 ? Nous allons en effet voir maintenant que le recours au tutoiement ascendant semble plus caractĂ©ristique de certains milieux professionnels et de certains types dâorganisation. 3. Le tutoiement, une pratique managĂ©riale ? 37Si, comme nous lâavons vu, la probabilitĂ© de tutoyer est dĂ©pendante des caractĂ©ristiques de la personne elle-mĂȘme son sexe, son Ăąge, sa PCS et de celles de son chef, il faut Ă©galement envisager cette pratique comme dĂ©pendante des contextes. Il y a des organisations oĂč le tutoiement semble encouragĂ© Ă tous les niveaux hiĂ©rarchiques, et ce pour des raisons qui ne tiennent pas quâĂ des questions dâambiance au travail. Le tutoiement au cĆur du nouvel esprit du capitalisme ? 14 Dans un entretien avec ValĂ©rie Boussard, Ăve Chiapello pointait ainsi diffĂ©rents Ă©lĂ©ments prĂ©ca ... 15 MĂȘme si lâanglais, contrairement Ă ce quâon pense gĂ©nĂ©ralement, a presque totalement abandonnĂ©, gra ... 16 Cette influence de lâ aplatissement pronominal » associĂ© Ă lâanglais se retrouve dâailleurs dans l ... 38De nombreux Ă©lĂ©ments laissent Ă penser que le tutoiement au travail sâinscrit dans des stratĂ©gies managĂ©riales visant Ă diminuer la verticalitĂ© » hiĂ©rarchique des organisations. Ăve Chiapello rangeait ainsi, il y a quelques annĂ©es, le tutoiement parmi diffĂ©rentes caractĂ©ristiques typiques des organisations nĂ©o-managĂ©riales14. Yannick Estienne, dans un article sur le mouvement des start-up Estienne, 2005, notait Ă©galement combien le tutoiement sây imposait comme une pratique incontournable, Ă©voquant lâesprit start-up » dans lequel le patron est le copain, le tutoiement de rigueur, la tenue vestimentaire dĂ©contractĂ©e » et comment, Ă travers le tutoiement et la faible division hiĂ©rarchique et fonctionnelle du travail, la start-up casse dĂ©finitivement les reprĂ©sentations vieillies de lâentreprise comme haut lieu de la lutte de classes ». Ă titre dâexemple, une enquĂȘte dans une chaĂźne de restauration rapide bien connue pour ses mĂ©thodes de management ne manque pas de constater que le tutoiement se pratique lĂ aussi Ă tous les Ă©chelons de la hiĂ©rarchie » Weber, 2005, ce quâavait Ă©galement constatĂ© Christophe Brochier 2001 quelques annĂ©es auparavant. Si cela peut dĂ©couler de la forte homogĂ©nĂ©itĂ© gĂ©nĂ©rationnelle de ces entreprises, on peut Ă©galement y voir la gĂ©nĂ©ralisation dâun tutoiement dâinspiration anglo-amĂ©ricaine15, associĂ© Ă lâusage des prĂ©noms dans les interactions quotidiennes16. Il y a donc des raisons de penser que le recours au pronom tu » peut traduire une forme organisationnelle particuliĂšre, et quâil est Ă©ventuellement encouragĂ© par les entreprises elles-mĂȘmes â en somme, quâil existe une injonction managĂ©riale au tutoiement. 39LâenquĂȘte COI ne contient pas dâinformations sur les conditions dans lesquelles le tutoiement a Ă©tĂ© adoptĂ©, ni sur sa frĂ©quence gĂ©nĂ©rale dans lâentreprise â ce qui permettrait de caractĂ©riser dâĂ©ventuelles injonctions organisationnelles au tutoiement â, mais du fait de sa vocation premiĂšre, la base contient un grand nombre de variables dĂ©claratives relatives aux contextes organisationnels et aux Ă©volutions des conditions de travail des salariĂ©s. Or, un certain nombre dâentre elles sont corrĂ©lĂ©es avec le tutoiement Ă lâadresse du supĂ©rieur hiĂ©rarchique. 40Une analyse des correspondances multiples permet de typifier les contextes de travail propices au recours au tutoiement figure 7. Le premier facteur est structurĂ© principalement par une opposition entre les contextes caractĂ©risĂ©s par des changements â quâils soient techniques, organisationnels ou de direction â et ceux qui ne le sont pas. Le deuxiĂšme facteur met ensuite en exergue tout un ensemble de variables relatives au degrĂ© de directivitĂ© et de contrĂŽle du travail ; il oppose les contextes de travail oĂč les mĂ©thodes de travail sont imposĂ©es, oĂč les salariĂ©s reçoivent des ordres explicites, suivent des procĂ©dures de qualitĂ© strictes et sont contrĂŽlĂ©s trĂšs rĂ©guliĂšrement, aux contextes oĂč les formes dâencadrement laissent plus de latitude, tout en leur assignant des objectifs chiffrĂ©s et en les contrĂŽlant pĂ©riodiquement Ă travers des entretiens dâĂ©valuation. 17 Les variables socio-dĂ©mographiques sont bien sĂ»r placĂ©es en supplĂ©mentaire » lors du calcul des f ... 41On peut rĂ©sumer cette opposition par lâexistence de deux dimensions du travail la stabilitĂ© et la directivitĂ©. En haut Ă gauche du plan, lâespace social du vouvoiement est dâabord caractĂ©risĂ© par des contextes de travail relativement stables, oĂč le suivi est peu individualisĂ©, ce qui correspond plutĂŽt aux environnements du travail peu qualifiĂ© ouvriers, employĂ©s. En bas Ă droite, lâespace du tutoiement est celui du travail des cadres et professions intermĂ©diaires, caractĂ©risĂ© par plus de changements, des Ă©valuations individualisĂ©es, des objectifs, des primes, des mĂ©thodes libres assorties dâun contrĂŽle plus Ă©pisodique. Les ACM ne permettant pas de contrĂŽler les effets de structure, nous retrouvons donc logiquement lâeffet sous-jacent des niveaux hiĂ©rarchiques17. Pour Ă©tudier plus en dĂ©tail ces deux dimensions, nous allons successivement aborder ce que le tutoiement doit aux changements contextuels et en quoi il peut ĂȘtre corrĂ©lĂ© aux Ă©volutions des formes de contrĂŽle du travail. Figure 7. Analyse des correspondances multiples ACM EncadrĂ© 3. DĂ©tails de lâACMLe plan factoriel agrĂšge les rĂ©pondants des secteurs public et privĂ© n = 16 134.Les variables actives sont ContrĂŽle frĂ©quence de contrĂŽle du le travail est-il contrĂŽlĂ© par le supĂ©rieur hiĂ©rarchique direct ? le travail est-il contrĂŽlĂ© par des moyens informatiques ou vidĂ©o ? le salariĂ© reçoit-il des ordres, des consignes, suit-il des procĂ©dures ou des modes dâemploi ?MĂ©thode imposĂ©e le supĂ©rieur hiĂ©rarchique impose-t-il la mĂ©thode de travail ou fixe-t-il seulement des objectifs et laisse-t-il libre de les atteindre de diffĂ©rentes maniĂšres ? le salariĂ© fait-il partie dâun groupe de travail de type groupe de projet, de rĂ©solution de problĂšme, de pilotage ?Objectifs le salariĂ© doit-il atteindre des objectifs prĂ©cis ?ProcĂ©dures le salariĂ© suit-il des procĂ©dures qualitĂ© strictes ?AmĂ©liorations le salariĂ© a-t-il pu proposer derniĂšrement des amĂ©liorations de son poste de travail, des procĂ©dĂ©s, des machines ?Primes une partie ou la totalitĂ© de la rĂ©munĂ©ration est-elle variable ?EvaluĂ© le salariĂ© a-t-il au moins un entretien dâĂ©valuation par an ?Chg Tech le salariĂ© a-t-il constatĂ© des changements techniques dans son travail durant les trois annĂ©es prĂ©cĂ©dant lâenquĂȘte ?Chg Org le salariĂ© a-t-il constatĂ© des changements organisationnels durant les trois annĂ©es prĂ©cĂ©dant lâenquĂȘte ?Chg dir° le salariĂ© a-t-il constatĂ© un changement de direction, un rachat ou une restructuration de son entreprise durant les trois annĂ©es prĂ©cĂ©dant lâenquĂȘte ?Les variables supplĂ©mentaires sont Sexe, Ăge et PCS. Le tutoiement corrĂ©lĂ© aux changements organisationnels dans le secteur privĂ© 18 Les diffĂ©rences que lâon observe, si elles vont toutes dans le sens dâune lĂ©gĂšre intensification du ... 42Dans le secteur privĂ©, le tutoiement est plus frĂ©quent dans les contextes de changement. Lorsque les salariĂ©s mentionnent une restructuration, un rachat, ou un changement dans lâĂ©quipe de direction » dans les trois annĂ©es prĂ©cĂ©dentes, la proportion des rĂ©pondants Ă dĂ©clarer tutoyer leur chef direct progresse de 10 points de pourcentage ; lorsquâil sâagit de changements dans les façons de travailler ou dans lâorganisation du travail », lâĂ©cart est de 9 points ; enfin, en cas de changements dans les techniques utilisĂ©es, ce taux augmente de 7 points. Ces Ă©lĂ©ments laissent donc Ă penser que les changements dĂ©clarĂ©s dans le secteur privĂ© sâaccompagnent tous dâune intensification du tutoiement, phĂ©nomĂšne que lâon ne retrouve pas avec la mĂȘme intensitĂ© dans le secteur public18. Mais, dans la mesure oĂč les changements sont dĂ©clarĂ©s dâautant plus frĂ©quemment que les rĂ©pondants sont Ă©levĂ©s dans la hiĂ©rarchie, il peut ĂȘtre intĂ©ressant de mesurer leur effet sur le tutoiement toutes choses Ă©gales par ailleurs. 43Un modĂšle de rĂ©gression logistique intĂ©grant notamment lâeffet des changements dĂ©clarĂ©s sur le tutoiement tableau 3 permet de constater quâil existe bien un effet propre des changements organisationnels et plus encore des changements de direction sur la probabilitĂ© de tutoyer son chef, mĂȘme si ces effets ne sâobservent, ici encore, que dans le secteur privĂ©. Les salariĂ©s du privĂ© qui dĂ©clarent ces types de changements ont en effet une probabilitĂ© significativement plus Ă©levĂ©e de tutoyer leur chef, rĂ©sultat que lâon nâobserve pas en prĂ©sence de changements techniques, ce qui semble finalement assez logique ce nâest que lorsque les changements dĂ©clarĂ©s concernent les relations interpersonnelles au travail via lâorganisation ou lorsque les tĂȘtes changent que le tutoiement gagne du terrain. Sâil nâest question que de technique, il nây a logiquement pas de raison que les rapports interpersonnels Ă©voluent significativement. Dans le secteur public, les changements dĂ©clarĂ©s nâont pas dâeffet statistiquement significatif sur le tutoiement. LĂ encore, le secteur public se signale par des rĂšgles dâadresse peu sensibles au contexte. Figure 8. Tutoiement du supĂ©rieur hiĂ©rarchique direct en fonction des changements dĂ©clarĂ©s dans le secteur privĂ© Source et champ voir la figure 1 secteur privĂ© uniquement. Tableau 3. ModĂ©lisations logit de la probabilitĂ© de tutoyer le supĂ©rieur hiĂ©rarchique direct Source et champ voir la figure 1. Le tutoiement, marqueur dâune moindre directivitĂ© du travail ? 44Pour dĂ©terminer vers quelles formes dâorganisation ces changements conduisent, et en quoi elles peuvent favoriser le tutoiement, il faut aller puiser dans les parties du questionnaire relatives aux conditions de travail. On constate alors que le tutoiement est corrĂ©lĂ© Ă certaines formes dâorganisation du travail oĂč la directivitĂ© est faible. 45Lorsque les salariĂ©s du privĂ© ont par exemple la possibilitĂ© dâadapter leur mĂ©thode de travail en fonction des besoins â que leur travail est dĂ©fini par des objectifs Ă atteindre et non par des mĂ©thodes â ou quâils ont la possibilitĂ© de suggĂ©rer des amĂ©liorations de leur poste de travail, le tutoiement est systĂ©matiquement plus frĂ©quent. Dans le mĂȘme esprit, les salariĂ©s participant Ă des groupes de travail de type groupe de projet » autour de 20 % des rĂ©pondants tutoient leur chef Ă hauteur de 77 %, contre seulement 62 % de ceux qui nâen sont pas membres. Chez les seuls cadres, dĂ©jĂ plus enclins que les autres groupes Ă tutoyer leur chef, on atteint mĂȘme 80 % de tutoiement contre 72 % chez ceux qui ne participent pas Ă ces groupes. Dans la mesure oĂč ils ont prĂ©cisĂ©ment pour fonction de passer outre les divisions hiĂ©rarchiques et fonctionnelles en rĂ©unissant des salariĂ©s dĂ©pendant de directions distinctes et de niveaux divers, les groupes de projet sont des lieux tout Ă fait propices Ă lâadoption dâun tutoiement Ă©galitaire par-delĂ les distinctions hiĂ©rarchiques. Le tutoiement sâassocie donc Ă une certaine autonomie dans lâorganisation du travail, typique dâune gestion par projets oĂč les salariĂ©s sont fortement responsabilisĂ©s. Mais, le fait est connu, cette autonomie sâassortit gĂ©nĂ©ralement de formes moins directes â mais non moins agissantes â de contrĂŽle hiĂ©rarchique, notamment via des objectifs chiffrĂ©s dont lâatteinte est Ă©valuĂ©e pĂ©riodiquement. Un tutoiement associĂ© au management par objectifs dans le secteur privĂ© 46Ainsi, dans le secteur privĂ©, le tutoiement du chef est effectivement plus frĂ©quent chez les salariĂ©s qui doivent atteindre des objectifs chiffrĂ©s 67 %, + 11 points et chez ceux qui ont des parts salariales variables 70 %, + 8 points. De mĂȘme, 72 % des salariĂ©s qui font lâobjet dâun entretien annuel dâĂ©valuation tutoient leur chef, contre Ă peine 57 % de ceux qui nâen font pas. Dans le secteur public, on observe Ă©galement une corrĂ©lation entre parts salariales variables et tutoiement 53 %, + 13 points. 47Une fois de plus, il convient de contrĂŽler les effets de structure, car ces pratiques sont beaucoup plus frĂ©quentes chez les cadres, tout particuliĂšrement dans le secteur privĂ©. Ces derniers sont gĂ©nĂ©ralement ceux par qui et sur qui les mĂ©thodes managĂ©riales se diffusent en premier. Aussi, les diffĂ©rentes variables caractĂ©ristiques dâun management par objectifs ont Ă©tĂ© intĂ©grĂ©es dans le modĂšle de rĂ©gression prĂ©sentĂ© plus haut tableau 3. 48On constate alors que dans le secteur privĂ©, lâassignation dâobjectifs chiffrĂ©s, les parts salariales variables, les entretiens individuels et lâautonomie dans les mĂ©thodes de travail accroissent bien â toutes choses Ă©gales par ailleurs â la probabilitĂ© de recourir au tutoiement dans les relations hiĂ©rarchiques. IndĂ©pendamment des caractĂ©ristiques des salariĂ©s et de leurs chefs, lĂ oĂč se conjuguent changements organisationnels et mĂ©thodes managĂ©riales basĂ©es sur la responsabilisation individuelle, le tutoiement est plus frĂ©quent. Il semble mĂȘme que ces transformations viennent affaiblir lâeffet des frontiĂšres hiĂ©rarchiques que nous avions observĂ©es dans la premiĂšre partie lorsque les salariĂ©s sont exposĂ©s aux mĂȘmes changements et aux mĂȘmes mĂ©thodes managĂ©riales, le fait dâĂȘtre ouvrier ou employĂ© ne diminue plus significativement la probabilitĂ© de tutoyer son chef, comparativement aux professions intermĂ©diaires. Seuls les cadres se distinguent encore du reste des rĂ©pondants par une probabilitĂ© significativement plus Ă©levĂ©e de tutoyer leur n+1. Dâun point de vue linguistique, les outils managĂ©riaux semblent donc produire un lissage apparent des frontiĂšres hiĂ©rarchiques de bas niveau dans le secteur privĂ©. 49Ces rĂ©sultats cadrent avec le portrait idĂ©al-typique dâun travailleur du privĂ© soumis aux injonctions paradoxales du nĂ©o-management plus autonome, encouragĂ© Ă prendre des initiatives, associĂ© aux projets de sa structure, mais dans le mĂȘme temps Ă©valuĂ© de maniĂšre quantitative Ă Ă©chĂ©ances rĂ©guliĂšres et motivĂ© par des avantages financiers. Ce salariĂ© ne peut quâentretenir un rapport ambigu Ă sa hiĂ©rarchie, qui se pare de tous les attributs de la proximitĂ©, se laissant dâautant plus la possibilitĂ© dâinvestir un rapport interpersonnel gommant les signes de lâautoritĂ© formelle en adoptant notamment le tutoiement que cette autoritĂ© sâexerce bel et bien en arriĂšre-plan par lâusage dâoutils standardisĂ©s qui mĂ©dient le contrĂŽle et lâautoritĂ©, voire permettent de le transfĂ©rer Ă des entitĂ©s extĂ©rieures. Lâadoption du tutoiement peut alors ĂȘtre le signe dâun transfert des marqueurs et des vĂ©hicules de lâautoritĂ© hiĂ©rarchique dans les organisations. La figure du petit chef » ne sâimpose plus dĂšs lors que le contrĂŽle du travail sâeffectue de maniĂšre pĂ©riodique via des indicateurs chiffrĂ©s. Le vouvoiement public, signe dâune rĂ©sistance du modĂšle bureaucratique ? 50Dans le secteur public, oĂč la diffusion des outils managĂ©riaux Ă©tudiĂ©s Ă©tait pourtant dĂ©jĂ notable au moment de lâenquĂȘte Guillemot et Jeannot, 2013, on ne trouve dâeffet significatif sur le tutoiement que pour les entretiens dâĂ©valuation, qui sont le seul Ă©lĂ©ment contextuel Ă augmenter significativement la probabilitĂ© du tutoiement chez les agents de lâĂtat. On pourrait y voir un signe de la diffusion dâoutils managĂ©riaux typiques du secteur privĂ© Ă lâintĂ©rieur de lâĂtat. Lâentretien professionnel nâest-il pas lâun des leviers de reconnaissance de la performance » des fonctionnaires Chanut et Rojot, 2011 ? Sans doute faut-il prendre en compte ici le fait que les entretiens dâĂ©valuation peuvent avoir des fonctions assez diffĂ©rentes en fonction des secteurs. Dans le secteur privĂ©, lâentretien dâĂ©valuation est souvent un moment propice aux Ă©changes concernant la rĂ©munĂ©ration, lâĂ©volution de carriĂšre, en lien avec lâatteinte ou non des objectifs chiffrĂ©s ; ils sont un moment clĂ© du fonctionnement contractuel du management par objectifs. Dans le secteur public, malgrĂ© une volontĂ© constamment rĂ©pĂ©tĂ©e de mieux reconnaĂźtre les mĂ©rites », le caractĂšre impersonnel du statut limite la possibilitĂ©, pour le supĂ©rieur hiĂ©rarchique direct, de nĂ©gocier pareillement les conditions dâemploi de lâagent. Lâentretien dâĂ©valuation se mue alors en un moment dâĂ©change relativement formel du fait de son intĂ©gration dans la gestion administrative des carriĂšres » Guillemot et Jeannot, 2013. Il faut donc prendre avec prudence la portĂ©e managĂ©riale dâun dispositif dâĂ©valuation aussi gĂ©nĂ©ralisĂ©. Au sein de la fonction publique, les discours sur lâamĂ©lioration de la gestion des ressources humaines » ont longtemps Ă©tĂ© condamnĂ©s Ă nâĂȘtre quâune rhĂ©torique vide, compte tenu des contraintes affĂ©rentes du statut » Chevalier, 2010. 51Les entretiens dâĂ©valuation mis Ă part, on ne trouve pas dâeffet propre de la diffusion de mĂ©thodes managĂ©riales inspirĂ©es du secteur privĂ© sur le recours au tutoiement dans le secteur public en 2006. Les normes langagiĂšres dans les rapports hiĂ©rarchiques au sein de la fonction publique dâĂtat semblent donc peu sensibles aux changements gestionnaires et aux tentatives dâinstaurer un management plus individualisĂ©, Ă lâimage de ce quâon a pu observer dans le secteur privĂ©. Pour le confirmer, nous avons rĂ©alisĂ© un modĂšle synthĂ©tique rĂ©unissant les deux secteurs tableau 3, modĂšle ensemble » afin de vĂ©rifier lâexistence dâun effet propre de lâappartenance au secteur public sur le tutoiement. En contrĂŽlant les diffĂ©rences dans la composition des populations ainsi que les changements dĂ©clarĂ©s, un agent du secteur public conserve toujours des chances de tutoyer son chef deux fois moindres que celles dâun salariĂ© du privĂ©. 52Il demeure donc un effet propre de lâappartenance Ă la fonction publique dâĂtat sur la probabilitĂ© de tutoyer son chef. La fonction publique dâĂtat possĂšde un rĂ©pertoire pronominal spĂ©cifique peu sensible aux transformations contextuelles. MalgrĂ© la tentation de dĂ©bureaucratiser » lâadministration et la tendance de lâĂtat Ă sâinspirer du secteur privĂ© pour abandonner la diffĂ©rentiation nĂ©gative » de son modĂšle dâemploi Emery et Giauque, 2005, p. 682, le recours plus frĂ©quent au vouvoiement dans lâĂtat, tel quâil se donnait Ă voir en 2006, montre les limites inhĂ©rentes Ă toute dĂ©marche visant Ă manager » les fonctionnaires comme des salariĂ©s du privĂ© Buisson et Peyrin, 2017. Lâattachement au vouvoiement chez les fonctionnaires dâĂtat traduit peut-ĂȘtre la rĂ©sistance dâun modĂšle bureaucratique qui se dĂ©finit notamment par sa forte verticalitĂ© et une distribution claire des rĂŽles dans la hiĂ©rarchie » Guillemot et Jeannot, 2013. Cette question apparemment anodine du choix du pronom traduit peut-ĂȘtre de maniĂšre trĂšs rĂ©vĂ©latrice les limites des tentatives dâhybridation des mĂ©thodes gestionnaires portĂ©es par la nouvelle gestion publique » Bezes, 2005 en matiĂšre de gestion des personnels. 4. Conclusion 19 Revenant sur un travail de Jean-Gustave Padioleau rĂ©alisĂ© au journal Le Monde en 1985, EugĂ©nie SaĂŻt ... 53Tutoyer son chef nâest pas exclusivement le produit dâun intuitu personae, dâun feeling » entre personnes le recours Ă des donnĂ©es quantitatives permet de faire ressortir clairement lâexistence de rĂšgles dâadresse toujours agissantes dans la vie professionnelle ; le tutoiement, sâil est majoritaire, reste bien lâobjet dâune codification dĂ©pendant des rapports sociaux entre le subordonnĂ© et son chef, rapports qui conditionnent largement la possibilitĂ© dâun recours Ă la sĂ©mantique de solidaritĂ© » quâimplique le tu ». Les trois frontiĂšres sociales mises en lumiĂšre par D. Guigo Ă la fin des annĂ©es 1980 sont toujours bien prĂ©sentes. Nous avons notamment vu que les hommes, quel que soit leur niveau hiĂ©rarchique, tutoient toujours plus leur chef que les femmes et que ces derniĂšres, mĂȘme sous lâautoritĂ© de femmes, semblent toujours moins opter pour le tu ». On a Ă©galement pu voir que la frĂ©quence du tutoiement Ă©tait proportionnelle au niveau hiĂ©rarchique on se permet » dâautant plus de tutoyer son chef quâon est soi-mĂȘme Ă©levĂ© dans la hiĂ©rarchie professionnelle. Enfin, nous avons vu que lâĂąge et la gĂ©nĂ©ration jouaient Ă©galement un rĂŽle lâĂąge parce que le tutoiement est toujours plus facile avec nos congĂ©nĂšres ; la gĂ©nĂ©ration parce que les salariĂ©s les plus ĂągĂ©s semblent les plus respectueux des rĂšgles dâadresse. Ce dernier rĂ©sultat nous pousse Ă faire lâhypothĂšse dâune rarĂ©faction progressive du vouvoiement au travail, hypothĂšse qui nâest pas contredite par la mise en perspective de nos rĂ©sultats avec ceux de D. Guigo, mĂȘme sâil sâagit de donnĂ©es bien diffĂ©rentes des nĂŽtres et logiquement incommensurables. En insistant sur le caractĂšre Ă©lectif du tutoiement, son travail ethnographique laisse imaginer la raretĂ© relative de cette rĂšgle dâadresse au tournant des annĂ©es 1990, ce qui permet de saisir, par comparaison, Ă quel point certains formalismes qui sâimposaient encore il y a une trentaine dâannĂ©es dans les rapports interpersonnels semblent avoir reculĂ©. Un certain nombre des styles mis en lumiĂšre Ă lâĂ©poque nâont probablement plus beaucoup cours et le tutoiement, qui paraissait alors une forme trĂšs marquĂ©e de proximitĂ©, semble sâĂȘtre banalisĂ© dans lâintervalle. Les marqueurs langagiers de la hiĂ©rarchie semblent sâaffaiblir, au mĂȘme titre que dâautres formalismes, notamment vestimentaires19. 20 Oderint, dum metuant. 54Nous avons ensuite vu comment le tutoiement pouvait ĂȘtre le marqueur de changements organisationnels allant dans le sens dâune diffusion de pratiques dâinspiration nĂ©o-managĂ©riale oĂč cohabitent Ă©troitement lâautonomie, le travail par projets et une plus forte redevabilitĂ© du travail le relĂąchement formel dans les interactions sâaccompagne volontiers de plus de comptes Ă rendre, Ă travers lâassignation dâobjectifs chiffrĂ©s dĂ©bouchant sur des Ă©valuations pĂ©riodiques. On peut dĂšs lors voir dans le tutoiement le signe dâune transformation des rapports de pouvoir dans les organisations, libĂ©rant les cadres de contact de leurs fonctions de coercition directe, de surveillance et de contrĂŽle du travail â lesquelles sâaccompagnaient volontiers dâune dĂ©fĂ©rence forcĂ©e de la part des subordonnĂ©s â, sans toutefois que disparaissent totalement les rapports de pouvoir liĂ©s Ă lâexercice dâune fonction hiĂ©rarchique. On peut se laisser tutoyer, donner une grande autonomie, le contrĂŽle nâen est pas moins agissant il est seulement transfĂ©rĂ© au suivi quantitatif et ses manifestations sont espacĂ©es dans le temps. Ămergerait donc, dans le cadre professionnel, une sĂ©mantique qui brouille les catĂ©gories de R. Brown et A. Gilman 1960 il existe aujourdâhui un tutoiement hybride qui ne sâinscrit pas tout Ă fait dans une sĂ©mantique de la solidaritĂ© » ni nâabdique toute prĂ©tention Ă lâexercice du pouvoir. Paraphrasant Caligula, Ă qui lâon prĂȘte la cĂ©lĂšbre formule inspirĂ©e de TibĂšre quâils me haĂŻssent, pourvu quâils me craignent »20, les responsables hiĂ©rarchiques dâaujourdâhui pourraient dire quâils me tutoient, pourvu quâils mâobĂ©issent ». Haut de page Bibliographie Austin, J. L., 1962, How To Do Things With Words. Oxford University Press, New York. BĂ©al, C., 1989, âOn se tutoie ?â Second Person Pronominal Usage and Terms of Address in Contemporary French », Australian Review of Applied Linguistics, vol. 12, n° 1, p. 61-82. Bernard, S., 2014, Le travail de lâinteraction. CaissiĂšres et clients face Ă lâautomatisation des caisses », SociĂ©tĂ©s contemporaines, n° 94, p. 93-119. Bezes, P., 2005, Le modĂšle de âlâĂtat stratĂšgeâ genĂšse dâune forme organisationnelle dans lâadministration française, Sociologie du travail, vol. 47, n° 4, p. 431-450. Bezes, P., 2009, RĂ©inventer lâĂtat. Les rĂ©formes de lâadministration française 1962-2008, Presses universitaires de France, Paris. Boltanski, L., Chiapello, E., 1999, Le Nouvel esprit du capitalisme, Gallimard, Paris. BontĂ©, F., 2010, Maltraitances et dĂ©mences pertinence de prises en charge en hĂŽpital de jour psychogĂ©riatrique », NPG Neurologie, Psychiatrie, GĂ©riatrie, n° 10, p. 125-130. Bourdieu, P., 1998, La Domination masculine, Le Seuil, Paris. Boussard, V., 2005, Entretien avec Ăve Chiapello », Sociologies pratiques, n° 10, p. 9-12. Brochier, C., 2001, Des jeunes corvĂ©ables. Lâorganisation du travail et la gestion du personnel dans un fast-food », Actes de la recherche en sciences sociales, n° 138, p. 73-83. Brown, R., Gilman, A., 1960, The Pronouns of Power and Solidarity », in Sebeok, T. dir., Style in Language, The Technology Press of Massachusetts Institute of Technology, Cambridge, p. 253-276. Buscatto, M., Marry, C., 2009, Le plafond de verre dans tous ses Ă©clats. La fĂ©minisation des professions supĂ©rieures au XXe siĂšcle », Introduction au numĂ©ro spĂ©cial de Sociologie du travail, vol. 51, n° 2, p. 170-182. Buisson, Peyrin, A., 2017, Les relations dâemploi dans la fonction publique, un dĂ©fi managĂ©rial », RIMHE Revue Interdisciplinaire Management, Homme & Entreprise, n° 25, p. 77-90. Carton, D., 2003, Bien entendu... câest off ». Ce que les journalistes politiques ne racontent jamais, Albin Michel, Paris. Chanut, V., Rojot, J., 2011, RĂ©inventer lâĂ©valuation. Les nouvelles rĂšgles du jeu RH dans une administration publique », Management & Avenir, n° 49, p. 195-222. Charbonnier, S., 2013, Ă quoi reconnaĂźt-on lâĂ©mancipation ? La familiaritĂ© contre le paternalisme », TracĂ©s. Revue de Sciences humaines, n° 25, en ligne Charrier, P., 2007, Des hommes chez les sages-femmes. Vers un effet de segmentation ? », SociĂ©tĂ©s contemporaines, n° 67, p. 95-118. Chevallier, J., 2010, RĂ©vision gĂ©nĂ©rale des politiques publiques et gestion des ressources humaines », Revue française dâadministration publique, n° 136, p. 907-918. Cibois, P., 2008, Les publics du théùtre contemporain », Communications, n° 83, p. 37-46. Darmon, M., 2008, Devenir anorexique. Une approche sociologique, La DĂ©couverte, Paris. Doniol-Shaw, G., Le Douarin, L., 2005, LâaccĂšs des femmes aux emplois supĂ©rieurs dans la fonction publique avancĂ©es et rĂ©sistances. Lâexemple du ministĂšre de lâĂquipement », Revue française dâadministration publique, n° 116, p. 671-686. Emery, Y., Giauque, D., 2005, Emploi dans les secteurs public et privĂ© vers un processus confus dâhybridation », Revue internationale des sciences administratives, vol. 71, n° 4, p. 681-699. Estienne, Y., 2005, La mobilisation des nettravailleurs de la âNouvelle Ă©conomieâ gouvernement des hommes et contrainte dâautonomie », Ătudes de communication, n° 28, en ligne Jobard, F., 2002, Bavures policiĂšres ? La DĂ©couverte, Paris. Gauthier, J., 2010, Esquisse du pouvoir policier discriminant. Une analyse interactionniste des cadres de lâexpĂ©rience policiĂšre », DĂ©viance et SociĂ©tĂ©, vol. 34, n° 2, p. 267-278. Goffman, E., 1973, La Mise en scĂšne de la vie quotidienne. 1 La PrĂ©sentation de soi, Les Ăditions de Minuit, Paris. Greenan, N., Guillemot, D., Moatty, F., 2005, EnquĂȘte changements organisationnels et informatisation. Comment les relations au travail sont-elles mesurĂ©es ? », RĂ©seaux, n° 134, p. 21-63. Guigo, D., 1991, Les Termes dâadresse dans un bureau parisien », LâHomme, n° 119, p. 41-59. Guillemot, D., Jeannot, G., 2013, Modernisation et bureaucratie, lâadministration dâĂtat Ă lâaune du privĂ© », Revue française de sociologie, vol. 54, n° 1 p. 83-110. HugrĂ©e, C., 2016, Les sciences sociales face Ă la mobilitĂ© sociale. Les enjeux dâune dĂ©mesure statistique des dĂ©placements sociaux entre gĂ©nĂ©rations », Politix, n° 114, p. 47-72. Ismail, Aladdin, A., Ramli, S., 2014, Vous ou tu ? Towards Understanding the Politeness Concept in French », Procedia. Social and Behavioral Sciences, vol. 118, p. 184-189. Landrieux-Kartochian, S., 2007, Les organisations face au plafond de verre », Revue française de gestion, n° 173, p. 15-30. Laufer, J., 2004, Femmes et carriĂšre la question du plafond de verre », Revue française de gestion, n° 151, p. 117-127. Laufer, J., 2005, La construction du plafond de verre le cas des femmes cadres Ă potentiel », Travail et emploi, n° 102, p. 31-44. Loiseau, Y., 2003, Du mode dâadresse dans la relation enseignant-apprenant », Ătudes de linguistique appliquĂ©e, n° 132, p. 415-428. Memmi, D., 2008, Mai 68 ou la crise de la domination rapprochĂ©e », in Damamme, D., Gobille, B., Matonti, F., Pudal, B. dir., Mai-juin 68, Les Ăditions de lâAtelier, Paris. Milewski, F., 2004, LâinĂ©galitĂ© entre les femmes et les hommes dans la haute fonction publique », Travail, genre et sociĂ©tĂ©s, n° 12, p. 203-212. Paugam, S., 2009, La disqualification sociale, Presses universitaires de France, Paris. Peeters, B., 2004, Tu ou vous? », Zeitschrift fĂŒr französische Sprache und Literatur, n° 114, p. 1-17. Pochic, S., Peyrin, A., Guillaume, C., 2010, Le plafond de verre dâune vision statique Ă une vision dynamique des inĂ©galitĂ©s de carriĂšre dans les organisations », in Degenne, A., Mary, C., Moulin, S. dir., Les catĂ©gories sociales et leurs frontiĂšres, Presses de lâUniversitĂ© de Laval, QuĂ©bec, p. 209-239. Rouard, F., Moatty, F., 2016, Langues de travail et pratiques langagiĂšres dans les enquĂȘtes statistiques », Langage et sociĂ©tĂ©, n° 155, p. 61-98. SaĂŻtta, E., 2005, Le Monde, vingt ans aprĂšs », RĂ©seaux, n° 131, p. 189-225. Schoch, M., 1978, ProblĂšme sociolinguistique des pronoms dâallocution âtuâ et âvousâ. EnquĂȘte Ă Lausanne », La Linguistique, vol. 14, n° 1, p. 55-73. Weber, H., 2005, Contraindre et convaincre par le biais des normes temporelles. Le management chez McDonaldâs », in Linhart, D., Moutet, A. dir., Le travail nous est comptĂ©, La DĂ©couverte, Paris, p. 269-292. Haut de page Annexe Table des sigles utilisĂ©s dans lâarticle CEE Centre dâĂ©tudes de lâemploi, devenu Centre dâĂ©tudes de lâemploi et du travail CEET aprĂšs son rattachement au CNAM en octobre 2016. CNAM Centre national des arts et mĂ©tiers COI EnquĂȘte Changement organisationnel et informatisation » DARES Direction de lâAnimation de la recherche, des Ă©tudes et des statistiques du ministĂšre du Travail. DGAFP Direction gĂ©nĂ©rale de lâAdministration et de la Fonction Publique FPE Fonction publique de lâĂtat FPH Fonction publique hospitaliĂšre FPT Fonction publique territoriale INSEE Institut national de la statistique et des Ă©tudes Ă©conomiques PCS Professions et catĂ©gories socio-professionnelles REPONSE EnquĂȘte statistique menĂ©e par la DARES, dont le nom complet est Relations professionnelles et nĂ©gociations dâentreprise » SESSI Service dâĂ©tude des stratĂ©gies et des statistiques industrielles de lâINSEE Haut de page Notes 1 On peut par exemple trouver dans des articles qui traitent du sujet une recommandation simple proposant une distinction entre un tutoiement rĂ©servĂ© aux proches, aux enfants et aux animaux, et un vouvoiement plus gĂ©nĂ©ralement adressĂ© aux inconnus Ismail et al., 2014. 2 Sâil est connu que toutes les langues nâopĂšrent pas une telle distinction, aucune ne se prive cependant totalement de marqueurs de dĂ©fĂ©rence Ă travers par exemple lâusage dâune dĂ©nomination officielle, dâun titre ou au contraire dâun prĂ©nom, etc. 3 Les nobles tutoient les gens du peuple, et ceux-ci utilisent le vous Ă lâĂ©gard des seigneurs. Les gens du peuple eux-mĂȘmes tutoient les mendiants, qui en retour pratiquent le vouvoiement. Dans le cercle familial, quel que soit le niveau social, les parents recourent au tu quand ils sâadressent Ă leurs enfants, et ceux-ci utilisent le vous en retour, ce qui permet aux enfants de se familiariser dĂšs lâĂąge le plus tendre avec la relation asymĂ©trique ou non rĂ©ciproque de pouvoir quâils retrouveront plus tard Ă lâĂ©chelle de la sociĂ©tĂ© » Peeters, 2004, p. 4-5. 4 Le fameux Ă©change entre N. Sarkozy et un visiteur du salon de lâagriculture en 2008 est tout Ă fait illustratif de ce principe. Ce dernier, refusant de serrer la main du premier, lui a dit Touche-moi pas tu me salis ». On note que la charge offensante Ă©tait volontairement redoublĂ©e par le tutoiement. La rĂ©ponse Eh ben alors casse-toi, pauvâ con ! » a contribuĂ© Ă abaisser » la fonction prĂ©sidentielle aux yeux des commentateurs, du fait de lâinsulte Ă©videmment, mais aussi du fait du tutoiement, qui est apparu dĂ©placĂ©, mais largement prĂ©visible chez un homme politique connu pour tutoyer tout le monde, Ă commencer par les journalistes Carton, 2003. 5 Les sigles et acronymes utilisĂ©s dans lâarticle sont dĂ©taillĂ©s en annexe. 6 Certains styles sont en effet non attestĂ©s selon le sexe des protagonistes ou trĂšs directement dĂ©pendants de leurs sexes respectifs. Le style militaire » â au charme surannĂ© â nom de famille + tu Lambert, tu viens manger ? » Ă©tait strictement masculin, tandis que le style amĂ©ricain » prĂ©nom + vouvoiement nâĂ©tait pratiquĂ© que par les hommes Ă lâadresse des femmes souvent de niveau hiĂ©rarchique infĂ©rieur ou entre femmes mais jamais, selon D. Guigo, par une femme Ă lâadresse dâun homme. Lâauteur ne nĂ©glige cependant pas que la trĂšs faible fĂ©minisation de la direction quâil a Ă©tudiĂ©e diminuait la probabilitĂ© dâune telle situation. 7 Lâextension de lâenquĂȘte COI Ă lâadministration dâĂtat permet cependant dâaborder de maniĂšre originale la question du devenir de la bureaucratie dans un contexte marquĂ© par la rĂ©fĂ©rence au marchĂ© et au modĂšle de gestion du privĂ© » Guillemot et Jeannot, 2013, p. 87. 8 Il est ainsi notable que le tutoiement du chef progresse de prĂšs de 10 points chez les salariĂ©s qui travaillent de nuit. Ainsi, certains contextes de travail pĂ©nibles favorisent peut-ĂȘtre lâĂ©mergence de relations dĂ©barrassĂ©es des formalismes usuels, mĂȘme si, lĂ encore, le travail de nuit concerne plus des hommes. 9 Situation assez rare au demeurant, qui ne concernait que 10 % des hommes dans la base COI. 10 Ce phĂ©nomĂšne semble dâailleurs dâautant plus sensible que lâĂ©cart dâĂąge a toutes les chances dâĂȘtre relativement faible lorsque le rĂ©pondant est ĂągĂ©. Du fait des dĂ©parts Ă la retraite, la probabilitĂ© dâavoir un chef beaucoup plus ĂągĂ© que soi diminue logiquement avec la montĂ©e en Ăąge. 11 Les trois barriĂšres sexe, Ăąge, hiĂ©rarchie se renforcent mutuellement. Toute familiaritĂ© est pratiquement exclue si plusieurs barriĂšres se superposent on ne voit presque jamais une jeune collaboratrice tutoyer un chef de service dâĂąge respectable, ni un jeune cadre dire Tu Ă une employĂ©e ĂągĂ©e » Guigo, 1991, p. 47. 12 On trouve par exemple, dans un article de Philippe Charrier relatif aux hommes exerçant le mĂ©tier de sage-femme, un verbatim dâentretien qui traduit cette diffĂ©rence entre hommes et femmes dans la maniĂšre dâenvisager les frontiĂšres hiĂ©rarchiques DĂ©jĂ la relation que jâai pu avoir avec les diffĂ©rents gynĂ©cos et surtout les gynĂ©cos hommes, moi en tant quâhomme on a un contact nettement plus simple. Câest-Ă -dire quâon peut plus facilement passer au tutoiement, enfin cette notion de hiĂ©rarchie entre le mĂ©decin et la sage-femme Ă©tait beaucoup moins marquĂ©e, moi en tant quâhomme quâavec certaines collĂšgues femmes » Charrier, 2007, p. 111. 13 La taille respective des deux bases peut Ă©videmment ĂȘtre en cause, mais les quelque 1500 rĂ©pondants dans la FPE devraient permettre une certaine consolidation statistique des rĂ©sultats. Ce nâest pas le cas. 14 Dans un entretien avec ValĂ©rie Boussard, Ăve Chiapello pointait ainsi diffĂ©rents Ă©lĂ©ments prĂ©carisation croissante des salariĂ©s, rĂ©duction du nombre de niveaux hiĂ©rarchiques, modification plus frĂ©quente du contenu du travail et des structures organisationnelles, dĂ©veloppement du tutoiement au travail, illĂ©gitimitĂ© des comportements autoritaires, attention croissante aux compĂ©tences de nĂ©gociation et de communication des cadres » Boussard, 2005, p. 12, nous soulignons. 15 MĂȘme si lâanglais, contrairement Ă ce quâon pense gĂ©nĂ©ralement, a presque totalement abandonnĂ©, grammaticalement parlant, le tutoiement thou au profit du vouvoiement systĂ©matique you. Il reste que la question grammaticale sâefface derriĂšre la logique sociale en lâabsence de nivellement entre pronoms, le dernier utilisĂ©, fĂ»t-il distanciĂ© Ă lâorigine, devient inĂ©vitablement Ă©galitaire, ce qui nâempĂȘche nullement de signifier la dĂ©fĂ©rence par dâautres moyens usage de titres, etc.. 16 Cette influence de lâ aplatissement pronominal » associĂ© Ă lâanglais se retrouve dâailleurs dans les donnĂ©es de lâenquĂȘte COI, puisque le tutoiement est corrĂ©lĂ© Ă la frĂ©quence dâutilisation de lâanglais au travail 86 % des cadres du privĂ© qui le parlent frĂ©quemment au travail tutoient leur chef, contre 65 % de ceux qui ne le parlent jamais. 17 Les variables socio-dĂ©mographiques sont bien sĂ»r placĂ©es en supplĂ©mentaire » lors du calcul des facteurs voir lâencadrĂ© 3. 18 Les diffĂ©rences que lâon observe, si elles vont toutes dans le sens dâune lĂ©gĂšre intensification du tutoiement en contexte de changement, ne sont pas ou trĂšs peu significatives statistiquement. 19 Revenant sur un travail de Jean-Gustave Padioleau rĂ©alisĂ© au journal Le Monde en 1985, EugĂ©nie SaĂŻtta relĂšve une Ă©volution notable Les hiĂ©rarchies internes [âŠ] apparaissent plus attĂ©nuĂ©es en 2001 quâauparavant. Premiers Ă©lĂ©ments de changement, lâabandon du vouvoiement pour le tutoiement systĂ©matique, et du costume cravate pour un libre arbitre dans le choix vestimentaire, certains journalistes se contentant dâun jean et dâun tee-shirt » SaĂŻtta, 2005, p. 193. 20 Oderint, dum de page Table des illustrations Titre Figure 1. RĂšgle dâadresse utilisĂ©e avec le supĂ©rieur hiĂ©rarchique direct LĂ©gende Source enquĂȘtes COI et COI-FP 2006 / volet salariĂ©s », Statistique publique, salariĂ©s ayant au moins un an dâanciennetĂ© des entreprises de plus de vingt salariĂ©s secteur privĂ© et agents de la FPE hors enseignants et magistrats. Uniquement les salariĂ©s travaillant au contact direct de leur chef ». DonnĂ©es pondĂ©rĂ©es. URL Fichier image/png, 53k Titre Figure 2. Tutoiement du supĂ©rieur hiĂ©rarchique direct en fonction du secteur LĂ©gende Source et champ voir la figure 1. URL Fichier image/png, 43k Titre Tableau 1. Tutoiement ou vouvoiement du supĂ©rieur hiĂ©rarchique direct en fonction du secteur privĂ© â en % LĂ©gende Source et champ voir la figure 1 privĂ© uniquement. URL Fichier image/png, 377k Titre Figure 3. Tutoiement du supĂ©rieur hiĂ©rarchique direct en fonction du sexe du rĂ©pondant LĂ©gende Source et champ voir la figure 1. URL Fichier image/png, 43k Titre Figure 4. Tutoiement du supĂ©rieur hiĂ©rarchique direct en fonction de la PCS et du secteur LĂ©gende Source et champ voir la figure 1. URL Fichier image/png, 77k Titre Figure 5. Tutoiement du supĂ©rieur hiĂ©rarchique direct en fonction de lâĂ©cart dâĂąge LĂ©gende Source et champ voir la figure 1. URL Fichier image/png, 66k Titre Figure 6. Tutoiement du supĂ©rieur hiĂ©rarchique direct lorsquâil est plus ĂągĂ© en fonction de lâĂąge LĂ©gende Source et champ voir la figure 1 + salariĂ©s dont le chef » est plus ĂągĂ© quâeux n = 6919.Lecture 58 % des salariĂ©s de moins de 30 ans tutoient leur chef lorsquâil est plus ĂągĂ©. URL Fichier image/png, 60k Titre Tableau 2. ModĂ©lisations logit de la probabilitĂ© de tutoyer le supĂ©rieur hiĂ©rarchique direct LĂ©gende Source et champ voir la figure les trois modĂšles privĂ© n = 14 121, public n = 1 214, ensemble n = 15 358 comparent les chances p/1-p de tutoyer son chef entre une situation de rĂ©fĂ©rence homme entre 30 et 39 ans, de niveau profession intermĂ©diaire », ayant un chef du mĂȘme sexe et de la mĂȘme gĂ©nĂ©ration et une situation qui ne se diffĂ©rencie de la rĂ©fĂ©rence que par un critĂšre Ă la fois. Si les odds ratio sont supĂ©rieurs Ă 1, lâeffet estimĂ© est positif ; sâils sont compris entre 0 et 1, lâeffet est nĂ©gatif. Ainsi, dans le secteur privĂ©, si au lieu dâĂȘtre un homme, la rĂ©pondante est une femme, les chances quâelle tutoie son chef sont deux fois moindres contre 1. Les astĂ©risques accolĂ©s Ă lâodd ratio renseignent la significativitĂ© de lâeffet mesurĂ© *** significatif au seuil de 1 %, ** au seuil de 5 % et * au seuil de 10 %. URL Fichier image/png, 225k Titre Figure 7. Analyse des correspondances multiples ACM URL Fichier image/png, 13k Titre Figure 8. Tutoiement du supĂ©rieur hiĂ©rarchique direct en fonction des changements dĂ©clarĂ©s dans le secteur privĂ© LĂ©gende Source et champ voir la figure 1 secteur privĂ© uniquement. URL Fichier image/png, 104k Titre Tableau 3. ModĂ©lisations logit de la probabilitĂ© de tutoyer le supĂ©rieur hiĂ©rarchique direct LĂ©gende Source et champ voir la figure 1. URL Fichier image/png, 358k Haut de page Pour citer cet article RĂ©fĂ©rence Ă©lectronique Alex Alber, Tutoyer son chef. Entre rapports sociaux et logiques managĂ©riales », Sociologie du travail [En ligne], Vol. 61 - n° 1 Janvier-Mars 2019, mis en ligne le 07 mars 2019, consultĂ© le 28 aoĂ»t 2022. URL ; DOI de page Auteur Alex AlberCitĂ©s, territoires, environnement et sociĂ©tĂ©s, Ă©quipe Construction sociale et politique des espaces, des normes et des trajectoires » CITERES/COST, UMR 7324 CNRS et UniversitĂ© de Tours, MSH Villes et Territoires, BP 60449, 37204 Tours Cedex 03, FranceChercheur associĂ© au CEET/ de page
qu implique le tutoiement dans une relation